REEM AL ABOUD : PREMIERE PILOTE SAOUDIENNE

Chez Paulette on aime les profils atypiques. Ces femmes qui ne reculent devant rien pour accomplir leurs rêves et faire mentir les préjugés. Aujourd’hui, on vous présente Reem Al Aboud, une pilote saoudienne. Première et plus jeune fille d’Arabie Saoudite elle souhaiterait devenir pilote du Dakar l’année porchaine.

Reem Al Aboud, during Dakar 2020’s
©A.S.O./Horacio Cabilla

Quand as-tu eu envie de devenir pilote ? Comment cette passion t’es venue ? 

Mon père a toujours été une source d’inspiration, pas seulement en tant que personne mais également en tant que pilote. Il a été pilote de course, et étonnamment parmi ses six enfants je suis la seule qui aimait l’accompagner et l’observer pour en apprendre plus à propos du sport automobile. Depuis petite donc, j’ai toujours su que je voulais apprendre, pratiquer et, je l’espérais, exceller dans ce domaine.

Quel est ton état d’esprit lorsque tu es derrière un volant ? Qu’est ce que ça te procure comme sensations ?  

C’est le seul endroit qui me permet de m’évader, c’est une échappatoire lorsque je suis derrière le volant. Le fait de devoir être confiante et 100% concentrée à partir du moment où je passe derrière jusqu’à ce que j’ai franchi la ligne d’arrivée est surprenant. C’est dans ce genre de moment que l’on apprend à se connaître, on dépasse nos limites, voire on les efface, sur la piste mais également en dehors. J’ai aussi remarqué que les sports automobiles n’ont pas seulement pour objectif de faire de vous un bon pilote mais une personne inspirante.

Reem Al Aboud
©A.S.O./Horacio Cabilla

L’Arabie Saoudite a autorisé les femmes à conduire il y a un peu moins de deux ans. Comment imaginais-tu ton avenir avant cela, en tant que femme et pilote dans ton pays ?

Oui, les femmes n’étaient pas autorisées à conduire, mais ça ne m’a jamais empêché de regarder des courses nationales et internationales pour apprendre, ou approfondir mes connaissances, sur les sports automobiles. J’ai toujours su qu’un jour, certainement, les femmes seraient autorisées à conduire en Arabie Saoudite, je n’ai donc jamais abandonné l’espoir de devenir pilote de course.

Est-ce que cette interdiction t’as freiné dans ta passion ou ton rêve de devenir pilote ?

Non ce n’était pas un frein dans ma passion, ça m’a justement encouragé à me dépasser et à pratiquer le karting pour améliorer mes compétences jusqu’a avoir enfin la chance de pouvoir officiellement participer à des courses professionnelles dans de vraies voitures de course.

Penses-tu que la société a besoin de profil comme le tien pour faire changer les choses ?

Oui je le pense, surtout ici en Arabie Saoudite. Il y a beaucoup de pilotes passionné.es qui espèrent pouvoir apprendre les sports automobiles mais qui n’en ont pas la chance. Au lieu de conduire à toute vitesse dans les rues et mettre en danger leur vie et celles des autres, ils devraient pouvoir accéder à des pistes certifiées pour le faire de façon sécurisée. Donc oui je pense que ça peut faire une différence et même sauver des vies.

La course automobile est un milieu majoritairement masculin. Quel est ton rapport, ton ressenti par rapport à ça ?

Beaucoup de femmes à travers le monde ont prouvé que les sports automobiles n’étaient pas réservés qu’aux hommes. Pour être complètement honnête, dans notre génération, il n’y a plus de sports réservés qu’aux hommes. Les femmes prouvent ce qu’elles valent et excellent dans un nombre de domaines très variés. Et j’espère faire partie de ce mouvement.


Reem Al Aboud au milieu, accompagnée de l’équipe 100% féminine du Dakar 2020 Annett Fischer (à gauche) et Camélia Liparoti (à droite).
© A.S.O./Horacio Cabilla

Qu’est-ce que ça représente pour toi, d’envisager participer un jour au Dakar ? 

Être initiée au Dakar 2020 dans mon beau pays était une expérience incroyable ! Je vis en Arabie Saoudite depuis 20 ans maintenant et je n’ai jamais vu des paysage aussi beaux ! Il y a, bien sûr, une grande différence quand il s’agit des pistes de course. Grâce à ASO et Isabelle Patissier, qui a 11 ans d’expérience du Dakar avec son compagnon, j’ai pu apprendre énormément tout en profitant de l’expérience ! Et j’espère pouvoir revivre des opportunités pareilles avec eux.

Es-tu consciente que tu peux devenir un symbole pour les petites filles et les femmes de ton pays ? 

Oui je le suis, et ce serait un honneur pour moi de me présenter comme une pilote saoudienne afin que les autres femmes en Arabie Saoudite et dans le monde prennent conscience que les femmes sont capables de tout accomplir. Le tout est ensuite de savoir si elles sont prêtes à tout faire pour accomplir leur rêves et vivre leur passion ou non. En dehors de ça, toutes les opportunités sont accessibles pour les femmes saoudiennes dans notre royaume.

Propos recueillis par Charline Bouzon

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