POURQUOI S’ENGAGER ÉCOLOGIQUEMENT ET SOCIALEMENT À SON ECHELLE CHANGE VRAIMENT LES CHOSES

A l’occasion de la Marche du siècle, il est important de se rappeler pourquoi l’action de chacun est nécessaire.

Ça faisait un petit moment que je voulais m’engager sans vraiment savoir comment m’y prendre. L’année dernière (mieux vaut tard que jamais), j’ai commencé par l’environnement, en réduisant ma consommation de viande, en limitant un maximum l’utilisation de plastique à usage unique et en privilégiant les fripes aux nouvelles fringues. Des petites actions au quotidien qui au début, me laissaient dubitative quant à leur effet sur la situation générale. Pour être tout à fait honnête, pendant un moment, je me suis réellement demandée si ça servait à quelque chose de faire un petit peu dans mon coin. Si à mon échelle, remplacer les cotons de démaquillant par un gant lavable et les cotons tiges par l’oriculi aiderait véritablement à panser les maux de l’environnement. Les 13 millions de tonnes qui sont relâchées dans les océans tous les ans, le réchauffement climatique ou la déforestation liée à l’agriculture de masse (notamment pour faire pousser le fruit préféré des millenials, l’avocat).

« You are never too small to make a difference »

Greta Thunberg

Vous en conviendrez, ce n’était pas très productif – ni vraiment intelligent – comme mode de pensée. Car c’est justement en s’attaquant à son propre comportement, chacun de notre côté, qu’on pourra espérer ralentir le massacre écologique. Et ceux qui l’ont encore mieux compris que nous, ce sont les lycéens et les collégiens qui prennent les rues depuis plusieurs semaines le vendredi, pour militer pour le climat. Ceux qui appartiennent à la « génération maudite » comme ils disent, qui verra la Terre battre de l’aile en accéléré à cause des plus vieux.

Crédit : Pinterest/Adamisgolden

Ce samedi 16 mars a eu lieu la Marche du siècle et hier, le 15 mars, la grève mondiale pour la planète. Cette dernière comptait entre 29 000 et 40 000 participants. Sarah, une manifestante, a expliqué au Figaro que “Pour la première fois, on a l’impression qu’on peut peser, qu’on peut aider à une prise de conscience”. En plus de montrer l’exemple et d’insuffler un réveil général, la jeune génération nous prouve clairement que si, les actions du quotidien comptent, parce qu’elles inspirent les autres à faire de même. Que descendre dans la rue aussi, c’est essentiel, puisqu’il s’agit de la seule façon d’interpeller les gouvernements et de les pousser à prendre des décisions urgentes et nécessaires. Et qu’on n’a plus les moyens d’attendre qu’ils se réveillent seuls. L’effet boule de neige crucial qui pousse de plus en plus de gens à troquer ses bouteilles en plastique contre des gourdes en verre ou en inox sans BPA, et qui a réussi à interdire les pailles en plastique d’ici 2021 (même si l’action traîne pour certains). Et sur lequel on devrait prendre exemple rapidement.

« Tant que ça fonctionne pour une personne, alors c’est gagné »

L’engagement, c’est aussi le social. S’investir dans une asso pour mettre ses compétences au service des autres. Perso, j’ai trouvé le défi plus compliqué. Pas parce que ça ne me disait pas, bien au contraire, mais parce que devenir bénévole veut aussi dire qu’on prend des responsabilités envers d’autres personnes. On a un devoir de présence, on doit littéralement se bouger plusieurs fois par mois pour aller quelque part et donner du temps qu’on ne passera pas à se reposer de sa semaine de travail ni à voir ses potes. Et il faut admettre que même si on a un peu honte de le dire, l’argument nous freine pas mal – pas de jugement, c’est carrément compréhensible. C’est aussi plus compliqué à faire car pour mettre ses compétences au service des autres, il faut déjà les posséder. Et on a l’impression que sans un parcours de 5 ans de bénévolat, se lancer est impossible. Erreur.

Aujourd’hui, ça fait 6 mois que je donne des cours de français pour Form’accueil, une petite asso à côté de Gare de Lyon. On accueille des étrangers de toutes situations pour leur faire bosser la langue. Les bases, la conversation, les thèmes du quotidien, et on déchiffre aussi les papiers administratifs. Ça se passe deux fois par semaine pendant deux heures. Chaque bénévole est en binôme et fait cours à deux pendant une seule session hebdo (le jeudi de 20 à 22 heures, pour ma part). Je me suis lancée là-dedans parce qu’une de mes copines avait posté une story Instagram de sa classe lors de la fête de fin d’année, en juin 2018, et que ça m’a intriguée. L’effet boule de neige, encore une fois. J’avais toujours voulu aider d’une façon ou d’une autre alors je me suis inscrite pleine de bonne volonté. Bien sûr, la veille du premier cours, j’ai dormi 3 heures.

Mon aisance à l’oral en public étant proche du néant (je deviens automatiquement rouge écarlate quand je parle devant plus de trois personnes, debout) et mon autorité inexistante, je ne donnais pas cher de ma peau. Comme si j’avais décroché un nouveau boulot et qu’on m’attendait au tournant. Les premières séances étaient un peu timides mais les apprenants valaient le coup qu’on s’accroche. Les classes de 10-15 sont réparties par niveau, et la mienne est celle qui maîtrise le mieux le français. L’expression orale est plus facile pour eux et je me suis rendu compte que les débats prenaient bien. Alors pour pallier mon manque crucial de connaissances en grammaire (COD et COI sont désormais mes pires cauchemars, mais heureusement pas ceux de ma binôme, ni du livre qu’on suit, d’où l’utilité d’être à deux), je les fais parler de tout. De leurs pays, de l’actualité, de bouffe (bien sûr), d’égalité hommes-femmes. Des métiers qu’ils exerçaient avant d’émigrer en France et de devoir se reconvertir. On échange les points de vue, on discute. Personne n’éduque personne, ce n’est pas le but. Le but c’est d’aider des gens qui ont débarqué plus ou moins récemment en France à apprendre la langue et les codes du pays, et à créer du lien social sur place.

Et puis, comme m’a dit un ancien élève un soir de doute sur mon impact positif sur la classe : “Ta méthode ne va peut-être pas fonctionner pour tout le monde, mais tant que ça fonctionne pour une personne, alors c’est gagné”. Je passerai le mot, et j’espère que vous aussi.

Article de Pauline Machado

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