PAULETTE TALKS : HOMOPHOBIE ET TRANSPHOBIE, UN COMBAT DE TOUS LES JOURS
Aujourd’hui retentit la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie. L’occasion de prendre la parole pour sensibiliser et lutter aux côtés des communautés LGBTQIA+.
Une homophobie et une transphobie d’État
Créée en 2005 par Louis-Georges Tin, un universitaire français luttant contre l’homophobie et le racisme, cette journée fait écho au 17 mai 1990 : date où l’OMS a cessé de considérer l’homosexualité comme une maladie mentale. Pourtant, même si les choses ont depuis avancé, la partie n’est pas gagnée. Homophobie et transphobie courent toujours les rues, et les pays.
Aujourd’hui, plus de 70 États interdisent l’homosexualité. Pour une dizaine d’entre eux, comme le Soudan, le Nigéria, l’Iran, le Pakistan ou le Yémen, l’homosexualité est encore passible de peine de mort. « C’est une forme de discrimination, à mettre au même plan que les autres, même si elle a des particularités. Ce n’est pas celle qui tue le plus dans le monde, mais c’est celle qui pose le plus gros problème philosophique. Aucune autre minorité n’est interdite dans plus de 70 pays. L’homophobie d’État est encore très répandue… », évoquait Louis-Georges Tin dans un entretien avec France 24, en 2019.
L’actualité nous rappelle, quant à elle, que la transphobie d’État n’est qu’à deux doigts d’éclore. Lundi 18 mai, le parlement hongrois examinera une loi discriminatoire à l’encontre des personnes transgenres et intersexes. L’article 33 de ce projet de loi T/9934 entend redéfinir le genre comme étant « le sexe biologique, basé sur les caractéristiques sexuelles primaires et les chromosomes ». Seul le sexe déterminé à la naissance figurerait sur les registres de l’état civil, sans modification possible au long de la vie de l’individu. Amnesty International dénonce ce projet de loi comme étant « contraire aux valeurs européennes ». Personnes transexuelles et homosexuelles font front aux discriminations et aux violences quotidiennes.
Des violences toujours présentes
Pour se rendre compte des violences homophobes et transphobes, il ne suffit parfois pas d’aller très loin. SOS homophobie estimait dans son dernier rapport réalisé en 2018, que 41 % des cas signalés dans le cadre d’une LGBTphobie globale étaient liés aux réseaux sociaux et aux forums de discussions.
Bilal Hassani, chanteur homo, queer, racisé et représentant de la France à l’Eurovision 2019 en faisait les frais l’année dernière. Victime d’une campagne de haine homophobe en ligne, de tweets injurieux, de menaces de mort, le jeune homme décidait de déposer plainte contre X. Son avocat expliquait alors, auprès d’Europe 1, qu’il fallait que « les personnes qui se croient protégées par l’anonymat derrière leur ordinateur soient inquiétées . » « On ne peut plus insulter, menacer, appeler au meurtre sur Internet sans que les associations de lutte contre l’homophobie réagissent. »
En France, selon ce rapport de SOS homophobie, une agression physique LGBTphobe était recensée toutes les 36 heures en 2018. Et sur le dernier trimestre de 2018, c’était une agression par jour qui était enregistrée. Ces violences opèrent dans les lieux publics (35 % des cas), dans le voisinage (15%) et dans l’environnement familial (14%). Le cercle familial n’est pas toujours un havre de paix où l’homosexualité et la transexualité sont entendues. Comme le rappelait d’ailleurs Anthony Vincent, journaliste présent lors de notre émission dédiée aux orientations sexuelles et amoureuses quand elles ne sont pas hétérosexuelles, « le coming out reste un privilège ».
Il rappelait aussi, fermement, que la prise de position n’est pas vaine. « La représentation compte énormément du côté des allié.e.s. Moi, ça m’aurait énormément aidé de voir que quelqu’un de ma famille prenait la défense des personnes LGBT à table, un jour ou l’autre. » Les allié.es ont du poids : se positionner, défendre, épauler, fait la différence.
Article de Marie Le Seac’h