JE M’AIME DONC JE SUIS : QUAND NOTRE AMOUR PROPRE NOUS DÉFINIT

En ce mois consacré au self-love, on revient sur le seul amour dont on ne doit jamais se séparer : celui que l’on a pour soi.

Février c’est le temps de la Chandeleur, du froid (quoique tout est relatif), et aussi de la Saint Valentin. La fête de l’amour réunit tous les ans ceux et celles qui s’aiment, et qui croient aux roses rouges comme symbole ultime d’une promesse de passion éternelle. C’est beau. Mais il y a deux écoles : les fans et les cyniques. Les adeptes du combo resto-bijou-Mon Chéri et les amateurs de la contre-soirée arrosée à la vodka. Et puis quelques autres, qui s’en foutent royalement.

C’est vrai que quand on ne rentre pas dans le moule socialement validé de la relation de couple, la fête peut avoir un goût amer. « Je n’ai personne à aimer, alors pourquoi célébrer l’amour ? », ronchonne-t-on emmitouflée dans un plaid Ikea bouloché. Dit comme ça, on comprend l’accueil parfois mitigé que le 14 février suscite. Sauf que voilà, en couple ou pas, il y a bel et bien quelqu’un qui vaut le coup qu’on range notre aigreur. Quelqu’un qui mérite clairement qu’on lui accorde la majeure partie de notre attention, et de notre amour : soi-même.

L’apprentissage

Je ne sais pas si vous avez déjà vu Deux moi, de Cédric Klapisch. Ou How To Be Single, avec Dakota Johnson et Rebel Wilson. Certes, on part sur deux salles, deux ambiances. Le premier fait dans la subtilité, la justesse des émotions et des moments de vie auxquels on a peu de mal à s’identifier. Le deuxième retranscrit plutôt la frénésie enivrante qu’est le célibat dans une grande ville, avec une bonne dose de clichés à l’américaine (aucun.e assistant.e juridique de la vraie vie ne peut se payer un deux-pièces solo dans ce coin de Williamsburg, mais soit). Toujours est-il que les deux films abordent grosso modo le même sujet : l’importance d’apprendre à s’aimer soi, avant de pouvoir rencontrer quelqu’un qui compte – ou non, d’ailleurs.

L’importance d’apprendre à vivre seule, aussi, en envisageant cette étape comme une situation choisie, ou du moins acceptée, plutôt que subie. « C’est en sachant être seule qu’on saura être à deux », assure le petit papier dans mon fortune cookie. Bon, soyons réaliste, quand on se fait larguer du jour au lendemain par le mec avec qui on vivait depuis 3 ans – voire même trois mois – on l’a rarement choisi. On a en réalité bien subi l’affaire, nous et notre petit coeur brisé en mille morceaux. Et on pourrait, à juste titre, vouloir balancer son poke bowl en plein visage de celui ou celle qui nous assène ces phrases toutes faites, qui semblent tirées d’un livre de développement personnel douteux. « S’aimer soi, gnagnagna ». 

Seulement, pour être passée par le même genre de douleurs sentimentales une ou deux (dix) fois, je peux vous assurer qu’au bout d’un moment, la boule qui nous serre le ventre et le coeur tous les matins commence à s’estomper, avant de disparaître pour de bon. Les réveils deviennent moins douloureux, les souvenirs aussi. On finit par saisir la dimension de ces mots. De ce qu’ils impliquent, de ce qu’ils promettent. Et de l’attention toute particulière qu’il est urgent de se porter.

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S’aimer, la première étape du bonheur ?

Petite précision : être seule ne signifie pas forcément qu’on a le coeur brisé, ni qu’on verse une larme dès qu’on croise deux personnes qui se tiennent la main dans la rue, entendons-nous bien. Aussi, être en couple ne nous dispense pas non plus de devoir s’aimer d’abord. Comme le dit Samantha dans Sex & The City le film (un navet qu’on adore)  “I love you, but I love me more”. Et dieu sait qu’elle demeure notre guide dans ce combat quotidien que sont les interactions amoureuses. 

D’ailleurs, je me dis qu’on associe principalement la notion d’amour aux relations de couple. Mais en fait, s’aimer prend une ampleur bénéfique bien au-delà d’une perspective de vie à deux. C’est aussi s’assurer de bâtir une confiance en soi assez solide pour être appréciée à sa juste valeur. Réclamer ce qu’on mérite, se relever après un échec, développer sa créativité. Se lancer dans des projets audacieux avec la conviction qu’on est “assez” pour les mener à bien. Et décupler notre amour propre grâce à toutes ces victoires personnelles. Un cercle vertueux qui s’applique à tous les domaines de notre vie, et qui, quand il ne franchit pas la frontière fine avec l’égocentrisme, bouleverse réellement notre quotidien – en bien. 

Alors on ne va pas se mentir, l’estime de soi et tout ce qui s’en rapproche n’est malheureusement pas une mince affaire. Aussi génial soit le fait de posséder une haute opinion de sa personne, rares sont ceux et celles qui peuvent se vanter de s’aimer sous toutes les coutures. Les habitudes ont la dent dure, on passe davantage de temps à se concentrer sur ce qui nous déplaît que sur ce qu’on chérit chez nous. Et on a parfois du mal à consacrer celui qui reste à prendre soin de soi. 

Que faire pour inverser la tendance ? Allier une pensée plus indulgente à des actions qui nous cajolent, physiquement comme mentalement. Panser ses plaies, prendre le temps de résoudre ce qui nous fait encore du mal pour réussir à s’ouvrir. Dresser la liste de ce dont on est fière, de ce qu’on a entrepris et réussi plutôt que ce qu’il nous reste à accomplir. S’accorder des plaisirs qui comblent le corps et l’esprit. Regarder ses fêlures en face, les assumer et travailler doucement à les guérir. Surtout, ne pas culpabiliser quand on n’arrive pas encore tout à fait à célébrer chaque facette de sa personnalité.

Avancer avec bienveillance, toujours.

Cette année, pour la Saint-Valentin, on se célèbre avant de célébrer le couple. Car si les relations ne nous définissent pas, l’amour que l’on se porte à soi, lui, témoigne indéniablement de celle que l’on est. Et façonne notre vie petit à petit. Je m’aime donc je suis, sans aucun doute.

Article de Pauline Machado

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