GROSSESSE ET CONFINEMENT : LA CRAINTE D’ACCOUCHER SEULE
« Pendant la crise sanitaire, les femmes doivent accoucher seule – sans accompagnant« , c’est l’information qui circule d’une bouche à l’autre depuis quelques semaines. Oui, car la grossesse est une étape importante dans la vie d’une femme, et d’un couple. Neuf mois à patienter pour la venue au monde d’un être cher. Et vient l’épidémie du COVID-19 qui bouscule pas mal les choses… Aujourd’hui, les futures mamans s’inquiètent quant à cette naissance qui ne saurait tarder. Marion Fremont, enceinte de 9 mois, témoigne ses angoisses quant à la non-présence de son conjoint pour accueillir leur deuxième enfant à l’hôpital.
Interdire les conjoints ou accompagnant unique d’assister à l’accouchement de la future maman, une rumeur qui se propage lourdement aux quatre coins du sol français. L’objectif, comme on peut l’entendre de la part des médecins, spécialistes ou encore à la lecture de certains articles, serait de mettre en sécurité les nouveau-nés, les mères ainsi que les professionnels de santé en raison de la crise sanitaire.
Faute de moyens, certaines maternités interdiraient l’accès en salle de naissance et n’autoriseraient pas les visites. Pour Marion Fremont et son conjoint, c’est un moment unique qu’on pourrait leur voler. « On ne vit ce genre d’événement exceptionnel qu’une, deux ou trois fois dans une vie. Alors je pense qu’ils auraient pu faire les choses autrement ».
Infirmière à l’île de la Réunion, Marion Fremont est stressée à l’idée de se retrouver seule durant la majeure partie du travail. Cette situation est, selon elle, due à un manque de moyens matériels. La décision finale serait, pour son cas, prise au moment venu de l’accouchement. « Ils pourraient autoriser le papa du début à la fin de l’hospitalisation, en limitant à 48 heures le séjour lorsque cela est envisageable. Il suffit d’être strict sur le fait qu’il doit rester confiné en chambre avec la mère et le bébé. Mais par manque de personnel et de matériel, cela ne serait actuellement pas possible ».
Et le conjoint dans tout ça ?
C’est un réel coup de massue pour son conjoint. Si Marion se retrouve seule, son compagnon ne pourra potentiellement pas assister aux premiers jours du nourrisson. Pourtant ce sont des moments essentiels pour établir les premiers liens. Les futurs parents avaient par ailleurs choisi l’haptonomie afin de préparer l’arrivée du nouveau-né. Il s’agit de communiquer avec le bébé in utero et donc de créer des liens affectifs grâce au toucher. « Cette méthode inclue vraiment le papa dans tout le déroulement de la grossesse, de la naissance et de l’après. Mon conjoint est très déçu, mais nous allons malheureusement devoir nous plier aux règles », explique la future maman.
Le droit de chaque femme à accoucher dans la dignité
Face aux décisions fermes prises par les maternités, le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) a rappelé l’importance de « garder à l’accouchement sa composante humaine et familiale ». Ainsi, le compagnon serait autorisé – hors cas exceptionnel – durant la phase active de travail « sans possibilité de va-et-vient ».
L’OMS a également réagi face à la situation. Elle a rappelé « le droit à toute femme d’accoucher dans de bonnes conditions, qu’elle soit positive ou non au coronavirus ». En ce sens, elle aurait le droit d’être accompagnée de la personne de son choix si les conditions hospitalières le permettent.
Pour plus d’informations, le Ministère des Solidarités et de la Santé énonce dans son communiqué les règles à suivre pour l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement durant la crise sanitaire.
Article de Nina Hossein.