Edito : Les mots d’Irène Olczak

C’est l’histoire d’une jeune femme qui monte à pied une tour de cinquante étages. Au fur et à mesure qu’elle monte, elle se répète sans cesse pour se donner de la force : « Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien… » Jusqu’à ce qu’elle réalise que l’important n’est pas l’arrivée, mais le chemin. *

Ce chemin de treize années à faire grandir Paulette, premier magazine indépendant féministe français né en 2009, à la force de notre foi en ses valeurs d’unité, de diversité, de liberté d’être soi, aura contribué à ouvrir les esprits. On a partagé une créativité, un amour et une bienveillance incroyables avec celleux qui ont grandi à nos côtés. Avec les équipes, artistes, plumes, talents et lecteur·rices, les souvenirs ne manquent pas et resteront gravés à jamais.

Ce chemin, il est aussi beau que dur, aussi lumineux que sombre, aussi collectif que solitaire. Il demande beaucoup de résilience et de foi en soi, et en la vie, pour exister dans une époque en perpétuels changements et aux multiples crises. C’est une véritable vocation que de vouloir porter haut et en beauté les voix de celleux qu’on n’entend pas assez, de vouloir raconter des histoires qui inspirent et insufflent le courage d’écouter son for intérieur.

Aujourd’hui, pour son treizième anniversaire, Paulette continue son évolution. Tout naturellement, Paulette devient Paul.e. Un beau média qui rassemble et qui fait du bien.

Parce qu’on a toustes besoin d’être à la table de la conversation des changements de ce monde, parce que le « ette » de Paulette est mignon, mais que nous avons bien grandi. Parce que ça fait quatre ans qu’on a adopté l’écriture inclusive et qu’on a compris que les sujets qui nous touchent ne concernent pas seulement les femmes cisgenres, même si elles sont le point de départ de notre histoire. Parce que cette table doit être grande, belle et garnie, à la hauteur de l’importance de ces conversations, et qu’elle doit pouvoir accueillir autant de monde que possible. Parce qu’assumer qu’on mérite du beau dans notre vie, et ne pas culpabiliser à l’idée que ça impacte positivement notre bien-être, c’est se donner de la valeur et choisir de cultiver l’amour de soi.

Et si le lien qui nous unit toustes, ce petit point médian, c’était l’amour ? Un peu cliché me direz-vous, mais en même tant si vrai. Tant qu’il y a de l’amour, il y a de l’espoir. Alors pourquoi ne pas cultiver cet amour envers nous-même, le self-love est notre force. Et envers les autres, envers nos proches notamment, car on sait aussi que c’est au cœur des sphères les plus intimes qu’on peut échanger et parfois faire évoluer les idées en profondeur.

La peur de l’inconnu existera toujours, c’est un mécanisme de défense naturel qui permet de conserver ce qui est acquis, et protège de ce qui est imprévisible ou dit dangereux. Il faudrait donc commencer par reconnaître que la déconstruction et le changement sont inévitables et normaux. Reconnaître que nous sommes en perpétuelle évolution pour pouvoir dépasser nos angoisses. Cultiver l’amour de soi, pas l’égo, mais la confiance intrinsèque en notre beauté et légitimité unique, en notre raison d’être sur cette terre, afin de compenser l’absence de repères extérieurs par une assurance et une force intérieure.

Cette petite voix qui nous murmure à l’oreille, que malgré nos peurs, si on aime la vie, qu’on écoute son cœur, quelles que soient les turbulences, tout ira bien.

Irène Olczak

 

* Référence au film La Haine de Mathieu Kassovitz

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