BONNE NOUVELLE : LMDE LANCE LE REMBOURSEMENT DES PROTECTIONS HYGIÉNIQUES
LMDE propose un nouveau forfait qui rembourse les protections hygiéniques à ses adhérents, femmes et hommes. On a discuté avec deux ambassadrices Paulette pour savoir ce qu’elles avaient à dire sur le sujet.
Les règles sont une affaire de femmes, certes, mais avant tout une affaire de santé. Depuis toujours, les protections hygiéniques sont proposées au prix fort dans les pharmacies et magasins, avec une taxe à 20 % (contre 5,5 % sur des produits qualifiés du “quotidien”, tels que les sodas. Allez comprendre). En plus de nous coûter un bras, cela nous rappelle qu’il reste clairement du boulot côté égalité. Aujourd’hui, LMDE, La Mutuelle Des Etudiants, a décidé de lever le voile sur ce tabou en proposant un remboursement partiel de ces produits intimes, devenant ainsi la première mutuelle de France à s’intéresser à cette problématique.
Le principe est ultra-simple : une fois nos tampons, serviettes, cup ou autres achetés, on envoie la facture en se connectant sur notre compte perso LMDE, ou courrier si vous êtes fâchée avec internet. Le remboursement s’effectue à hauteur de 20 à 25 € par an, et n’est pas réservé qu’aux femmes – c’est là que la situation est encore plus pionnière.
La seule condition pour obtenir ce forfait étant d’envoyer une facture, un homme ayant souscrit à LMDE pourra ainsi en faire profiter sa copine, sa soeur, son amie, et même lui faire profiter d’un double remboursement si celle-ci a également une mutuelle LMDE. Une façon de banaliser le sujet auprès du sexe masculin et il en est temps.
Pour avoir un avis sur cette nouvelle mesure, on a interrogé deux ambassadrices Paulette. L’occasion de lancer le débat sur les règles, comment elles les vivent au quotidien, les non-dits qui les accompagnent et les façons d’en venir à bout. Tatianah et Maud se sont livrées sur ce sujet crucial pour partager ce qui selon elles, ne devrait plus être tu. Elles expliquent leurs craintes, leurs coups de gueule, leur volonté de voir les choses bouger et surtout l’espoir qu’elles fondent dans les nouvelles générations et les mouvements sur les réseaux sociaux.
Paulette : LMDE est la première mutuelle en France à s’intéresser à cette problématique en remboursant entre 20 et 25€ par an sur les protections hygiéniques (tampons, serviettes, etc…), est-ce une initiative qui vous séduit ?
Maud : Totalement, oui. Ce sont des produits de nécessité mais quand on voit les prix c’est quand même un budget. C’est super que cette initiative soit mise en place.
Tatianah : En tant qu’étudiante c’est un gros budget sur toute une année et c’est bien qu’on ait pensé à nous.
Que pensez-vous du fait que ce forfait soit aussi valable pour les hommes ?
Maud : Ils se sentiront peut être plus concernés, surtout que c’est un sujet assez tabou pour la plupart d’entre eux. Cela permettra de l’aborder au sein d’un couple ou même entre amis.
Quel est votre budget mensuel pour ces achats ?
Maud : Cette question m’a fait réfléchir car quand je fais mes achats, je ne regarde pas forcément le prix. Comme je le disais, on n’a pas le choix de se procurer des protections, c’est une nécessité. Mais en y réfléchissant, je mets en moyenne 10 euros par mois, soit environ 100 par an.
Tatianah : Environ 10 euros par mois pour moi aussi, mais ça a changé depuis que je suis passée à la cup. Sur le plan économique ça me convient beaucoup mieux : 25 euros pour 5 ans, c’est beaucoup plus écologique et au niveau de la santé je trouve cela plus respectueux. Mon choix était vite fait.
Parle-nous de la cup justement, quelle a été ton expérience ?
Tatianah : Au début, la cup me faisait un peu peur mais au final c’est assez petit, un peu comme un tampon. Et je n’ai jamais eu de problème. Après, il faut trouver des toilettes avec lavabo car on doit la changer toutes les 6 heures. Mais ça fait depuis novembre que je l’ai et tout va bien.
Que pensez-vous du fait qu’en 2018, les tampons, serviettes et autres modes de protection menstruelle ne soient pas encore pris en charge ?
Maud : Je me dis qu’on y arrivera, ça commence à changer, le sujet devient moins tabou. Même sur les pubs, le sang n’est plus bleu, ça évolue.
Tatianah : Pour moi, c’était plutôt une question assez personnelle, l’affaire de chacune, donc je ne m’étais pas encore posée la question du remboursement avant d’entendre parler du forfait de LMDE.
D’un point de vue plus général, que pensez-vous du tabou qui existe encore aujourd’hui autour des règles en France ? D’où vient-il selon vous ?
Maud : Je pense que c’est ancré depuis un certain temps et pour moi, ce tabou est encore très présent. En 2015, une personne assez connue d’Instagram a posté une photo d’elle avec une tache de sang sur son pantalon et elle a été supprimée tout de suite, ça a fait énormément de bruit. On ne peut pas vraiment en parler, je ne me sens pas libre. Même au quotidien, entre amies, on ne va pas dire à voix haute “est-ce que tu as une serviette ?”, on va plutôt y aller discrètement, comme si c’était une honte. Même du côté de l’éducation, on en entend à peine parler. C’est super archaïque.
Tatianah : Oui c’est ça, même entre filles c’est tabou, mais je ne comprends pas pourquoi. Moi je ne suis pas timide sur ce sujet là. Je pense que ça vient du fait que c’est quelque chose qui nous distingue des garçons. C’est l’étape qui marque une vraie différence avec les hommes. Et il y a aussi une part de honte derrière. La première fois que j’ai eu mes règles j’ai eu très peur, je ne comprenais pas car je ne savais pas ce qu’il se passait.
Est-ce que vous avez déjà rencontré des situations de malaise par rapport à vos règles ?
Maud : Pas vraiment, mais s’il y a une chose qui m’agace, c’est quand on me dit “t’es énervée, t’as tes règles ?”, j’ai le droit d’être énervée sans avoir mes règles, j’ai une personnalité ! (rires) Et le pire c’est que même les femmes font la réflexion.
Est-ce que prévoir un remboursement partiel est une façon de reconnaître les règles comme un sujet lié à la santé en général, au-delà d’être un sujet de femmes, et donc de briser ce tabou ?
Maud : Totalement. Pour moi, il faut en parler pour que tout bouge. Parce qu’on a été créées comme ça et je ne comprends pas que ce soit tabou encore aujourd’hui.
Tatianah : Oui, et peut-être qu’avec les futures générations les choses vont bouger plus vite…
Quels seraient les moyens d’y mettre fin, de banaliser ce sujet pour libérer la parole ?
Tatianah : Je pense que de la même manière que l’on assiste à un cours sur le sexe et la contraception, on devrait assister à un cours sur les règles durant lequel on nous expliquerait tout, et surtout toutes les protections. Ce serait un grand pas de l’inclure au programme du collège.
Aimeriez-vous que l’offre pionnière de la LMDE lance ce débat, pour faire bouger les autres mutuelles et cibler d’autres tranches d’âge ?
Maud : Oui, totalement. Pourquoi ne s’arrêter qu’aux étudiantes, on a nos règles pendant 40 ans de notre vie, c’est un sujet qui touche toutes les femmes !
Est-ce que si ce forfait venait à ne plus exister, il vous manquerait ?
Maud : Ça ne changera pas les choses pour moi car c’est une habitude que j’ai prise, d’acheter mes propres protections hygiéniques.
Tatianah : Ça dépend des budgets je pense, il y a des femmes qui n’ont pas les moyens et à qui ça manquerait cruellement.
Est-ce qu’il arrive trop tard ?
Maud : Non, c’est le bon moment. Avant, peut-être que ç’aurait été mal reçu alors qu’aujourd’hui, je le dis beaucoup mais c’est vrai, les choses changent. On a envie de continuer dans cette voie.
Tatianah : Avant, peut-être qu’on aurait eu honte de l’utiliser, alors qu’aujourd’hui on est davantage décomplexée.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.lmde.fr
> Article de Pauline Machado