LE TÉMOIGNAGE POIGNANT DE LUCIE, JOGGEUSE LILLOISE AGRESSÉE À LILLE

Aujourd’hui, on vous parle d’un sujet qui nous touche chez Paulette, les agressions sur les femmes en France. Il y a une semaine, une jeune étudiante Lucie s’est faite agresser pendant son running à Lille par six jeunes qui ont commencé à la frapper puis tenter de la violer. Elle a réussi à s’en échapper en reprenant le dessus et en ne se laissant pas faire.

Lucie a décidé d’en parler haut et fort pour que ce genre de situation cesse et qu’une solution soit éventuellement trouvée. Paulette a rencontré cette battante et a décidé de faire connaître son histoire pour qu’elle ne soit pas juste un fait divers et surtout pour vous partager sa force et son courage qui l’ont clairement sauvés ! Rencontre avec Lucie, une battante que l’on admire.

Paulette : Hello Lucie, peux-tu te présenter ?
Hello les filles ! J’ai 22 ans et suis une petite Normande de Caen. Je suis arrivée à Lille, il y a un an et demi dans le cadre de mes études. Je suis actuellement en Master 1 en management des actifs immobiliers que j’effectue en alternance. Je suis une grande passionnée de sport. Je fais cinq entraînements de musculation par semaine. Et à côté de la salle, je fais de la course à pied, plus spécialement, du trail. J’ai également fait pas mal de sports de combat plus jeune : kyokushin kai, viet vo dao, full contact et enfin du krav maga. Mais j’ai du arrêter car les horaires ne correspondaient plus avec celles de mes études.

Tu viens d’être victime d’une agression à Lille, peux-tu nous en parler ?
Oui, j’ai été malheureusement victime d’une agression sexuelle en plein après-midi alors que je partais faire mon footing dominical dans un lieu connu de tous, à la citadelle à Lille. J’étais en train de courir et de profiter du soleil (oui, il peut faire beau à Lille), lorsque soudain, je me suis fait accoster par un jeune. Il se met à courir à côté de moi pour me demander l’heure. Il m’attrape le bras et me voilà arrêtée… C’était un guet-apens. Six autres jeunes arrivent et m’encerclent. Ils me fouillent entièrement pour me voler mais je n’avais strictement rien pris avec moi.
Voyant, qu’il n’y avait rien à voler, cela vire en agression. Ils me donnent d’abord des coups de bâton, tout en riant. Ils cherchent à m’humilier. J’étais morte de peur, je ne savais pas quoi faire.
Le « chef » me dit : « Bon ok, on est désolés Madame. Tu peux partir mais avant tu me fais un câlin ». Il vient à moi, m’enserre dans ses bras et tente de m’embrasser. Tout en me maintenant dans ses bras, il fait des gestes obscènes devant ses amis en simulant un acte sexuel. Tout le monde rigole. Un autre homme descend mon collant de course à pied et me touche les fesses. Son ami aussi. C’était insupportable de sentir leurs mains répugnantes sur ma peau. Là, j’ai compris qu’ils voulaient vraiment me violer. Les rires, l’effet de groupe : j’ai senti qu’ils n’avaient aucunes limites. Je pensais à ce moment que j’allais mourir.

“Je pensais à ce moment que j’allais mourir”.

Comment as-tu réussi à t’en échapper ?
J’étais en panique totale, je n’arrivais plus à bouger. C’était quelque chose de nouveau pour moi, je n’ai jamais ressenti cette sensation. Je regardais autour de moi, il n’y avait personne. J’étais tétanisée. Lorsqu’ils ont commencé à m’agresser sexuellement, j’ai changé de comportement. Ce n’était plus possible d’accepter cette humiliation. Dans ma tête, je me répétais : « Je suis une femme pas une merde, on ne peut pas me traiter de cette façon. » ! J’ai retrouvé mes esprits, j’étais en feu à l’intérieur de moi. Dans ma tête, je n’avais que deux choix, rester ici et peut être me faire violer ou mourir, ou bien prendre mon courage à deux mains et tenter de m’enfuir. Je me suis donc débattue, j’ai poussé de toute mes forces les personnes autour de moi et me suis enfuie en courant le plus rapidement possible pour rejoindre un sentier beaucoup plus visible. Ils ont été surpris de ma réaction. Lorsque j’ai pris la fuite, seulement un des jeunes m’a poursuivi en vélo avec son bâton. J’ai hurlé de toutes mes forces pour me faire repérer par quelqu’un. Par chance, il y avait un homme qui se promenait le long de la Deule. J’ai couru vers lui. Il était très inquiet car il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Je lui ai expliqué la scène et il m’a dit de rester auprès de lui. Il n’a rien dit de fabuleux mais il était là. Il était tout déboussolé et il a fait son possible pour me rassurer. Cela a suffit pour décourager les autres car je n’étais plus seule !

Est-ce la première fois que cela t’arrive ?
Oui, c’est la première fois que cela m’arrive et j’espère bien, la dernière. Je ne me suis jamais sentie en insécurité pendant mes footings à la Citadelle de Lille. J’aurais aimé que l’on m’avertisse des nombreuses agressions à la Citadelle… mais silence radio… elles ne sont pas ou peu diffusées. Pourtant, il y en a des dizaines. Cette situation est vraiment dangereuse.

Comment réagir en cas d’agression ? Quels sont tes conseils pour éviter une telle situation ?
Pour éviter de se faire agresser, je pense qu’il est primordial de ne pas courir avec des écouteurs, pour être attentive à notre environnement, comprendre ce qu’il se passe autour de nous.
Ensuite, c’est clair que courir à plusieurs, ça permet vraiment de diminuer le risque d’agression… C’est un acte lâche, ils ne prendront pas le risque de s’attaquer à un groupe. Mais si vous êtes comme moi et aimez courir quand cela vous chante, il est préférable de courir en pleine journée et être toujours entourée de personnes qui marchent, qui courent, qui font du vélo… Mais ça m’attriste de dire ça, la conclusion est que nous ne sommes plus libres. Nous devons être très vigilantes.

Quels sont tes conseils pour réussir à s’échapper si on n’a pas réussi à l’éviter ?
Le conseil numéro 1, si l’on est dans cette situation : GARDER SON MENTAL. C’est étrange mais lorsqu’on se retrouve dans une situation très angoissante, on est bloquée, on ne peut plus réfléchir, on est juste plantée là… Les agresseurs le savent, surtout avec cet effet de surprise. Reprendre le contrôle de soi peut permettre de se sauver et justement, de les surprendre. Parfois, il faut savoir accepter les coups, on ne doit pas se décourager. Les filles, ne l’oubliez jamais : vous êtes plus fortes que vous ne le pensez !

“Les filles, ne l’oubliez jamais : vous êtes plus fortes que vous ne le pensez !”

Comment prévenir ces agressions ?
Tu as déjà pratiqué des sports de combats, penses-tu que cela soit utile ?
Je suis persuadée que cela m’a aidé psychologiquement. Par contre, face à ces 6 mecs, je ne pouvais pas faire la ninja. Le Krav-Maga est idéal pour ce genre de situation. Cela devrait être obligatoire car des gestes simples peuvent nous sortir des pires situations.

Que devrait-on mettre en place ou faire pour arrêter ce genre d’agression ?
Que tout le monde en parle à voix haute ! Déjà d’une, je ne me serais pas aventurée seule à la Citadelle, et de deux, pour ma part, plus on en parle, moins les agresseurs attaqueront par peur. Pour moi, ça n’arrivait qu’aux autres… La communication est très importante pour éviter ce genre d’événement. Bien évidemment, en complément de cela, une meilleure mobilisation des forces de l’ordre… Pourquoi pas des policiers en tenue civile qui courent/marchent ou qui font du vélo ? Un système de caméra ? J’espère vraiment que mon témoignage pourra améliorer notre sécurité. Il n’est pas normal que l’on ne puisse pas être libre de faire ce que l’on souhaite sans craindre une agression… Mobilisons-nous !

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