4 parfums ; 4 expériences sensorielles et intrigantes tout droit venues du passé 

Quand j’ai commencé à préparer ma sélection de parfums, je ne savais pas trop où j’allais — pour être tout à fait honnête. Jour après jour, j’ai répertorié mes coups de cœur du moment, ceux qui me font vibrer en cette période… Et voilà pas qu’une ligne directrice se dessinait ? Se distinguaient quatre parfums, qui incarnent quatre expériences sensorielles, au-dessus desquels plane l’ombre rassurante, chaleureuse, parfois mystérieuse, du passé (voire de l’Antiquité) ! Une révélation pour l’intriguée d’Histoire que je suis. Venez, je vous présente ces quatre jus pour qui le temps n’a plus de secret ?

« Les nuits », le parfum de George Sand par Astier de Villatte

George Sand portait un parfum gorgé de roses, de patchouli, d’iris, d’ylang-ylang et de vétiver. Ces quelques notes furent laissées au fond d’un flacon de voyage que Christiane Sand, descendante de la célèbre romancière, a confié à l’historienne du parfum Annick Le Guérer. Aujourd’hui, la formule est recréée par le parfumeur Dominique Ropion pour Astier de Villatte. C’est juste magnifique. Poétique, même ! 

C’est d’ailleurs dans une véritable épopée presqu’impossible, mais ô combien historique et sensorielle, que ce sont engouffré·es Ivan Pericoli et Benoît Astier de Villatte (créateurs d’Astier de Villatte), Dominique Ropion (parfumeur) et Annick Le Guérer (historienne du parfum, anthropologue et chercheuse). Toustes quatre se sont uni·es pour remettre en lumière, donner à voir et à sentir, trois fragrances mythiques :

  • « Les nuits » aka le parfum de George Sand
  • « Le dieu bleu », un parfum serti de genêt, de myrrhe, de lentisque et de calamus, tout droit venu du fond des âges égyptiens, destiné aux dieux, qui servait à établir une méditation bienfaisante avec les puissances de l’au-delà
  • « Artaban », un parfum autrefois porté par les rois Parthes ; une formule aux arômes de marjolaine, de cardamome, de cyste labdamum et de cannelle saluée par l’historien Pline l’Ancien, et que s’arrachaient les riches Romain·es !

Le tout en reconstituant au plus près les formules de l’époque selon les directives de la parfumerie actuelle — eh oui, il a fallu s’adapter et substituer certains ingrédients par leurs équivalents, car tous n’étaient pas conformes, voire interdits, par les normes de la parfumerie qu’on connait aujourd’hui. Une expérience déroutante, enivrante, qui donnerait presque le vertige !

«Les nuits», mais aussi «Le dieu bleu» et «Artaban» : 65 € les 10 ml; 155 € les 30 ml; 265 € les 100 ml

« Folie d’un soir », un voyage instinctif insufflé par Annick Goutal

« Folie d’un soir », c’est l’histoire d’un parfum qui raconte un départ précipité, sur un coup de tête, dicté par l’instinct. Celui d’Annick Goutal, dans ses jeunes années, pour Londres. Au revoir Paris ; bonjour la liberté ! 

Ce parfum cristallise une course brûlante vers un futur qu’on ne sait pas encore radieux, mais qui le sera. Une décision prise à la volée qu’on ne regrettera jamais, et il parle forcément à toustes — à moi la première. Il est irrévérencieux, épicé, insolent. Il inspire le passé, par ses notes de rose, de myrrhe, d’encens et de cacao. Pourtant, les arômes pressés dans ce jus m’ont portée vers un avenir dont jamais je n’aurais osé dessiner les contours. Aujourd’hui, il est là, lumineux.

Un parfum qui vient accompagner, parfaire !, toute entreprise audacieuse.

«Folie d’un soir», 105 € les 50 ml; 155 € les 100 ml 

Un « Tableau parisien » à la silhouette Art Déco imaginé par ORMAIE

Un souvenir, une vision embrumée, un tableau parisien tel que Godard aurait pu faire vivre à l’écran. C’est un beau parfum qu’on présente ici. On garde en tête le petitgrain, le gingembre, le basilic et la mandarine ; en plein cœur, on reçoit la tubéreuse, la rose et un savoureux mélange épicé ; en toile de fond s’étendent langoureusement le tabac, la fève tonka, le benjoin et la vanille. C’est structuré, élégant — autant sur le fond que la forme ! N’avez-vous pas remarqué la richesse de l’écrin qui abrite ce jus ? Façonné en loupe d’orme (l’arbre noble et rare qui incarne les valeurs de la Maison ORMAIE), aux inspirations Art Déco, sans aucun doute. Un bijou qu’on n’a qu’à vaporiser au creux du cou. 

260 € les 100 ml

« Eyes Closed » de Byredo, quand le passé embrasse le présent

« Eyes Closed » ou la rencontre entre le monde antique et la société contemporaine. En tête, la cannelle et la cardamome — des senteurs qu’on confère volontiers au confort intime de l’Antiquité. Tout comme le patchouli et le papyrus, les notes de fond. Au cœur, s’immiscent la carotte, le beurre d’iris et le gingembre. L’ensemble est moderne et électrique, mystérieux aussi. Complexe ? Très certainement, mais on n’en attend pas moins de la part de Byredo ! 

Cette fameuse rencontre, fascinante, évoque forcément un couple inattendu, une relation entre deux âmes venues d’époques différentes, de deux mondes séparés par les siècles. Une relation langoureuse pleine de chaleur et de tendresse, improbable, comme celle qu’entretiendraient deux âmes sœurs… Envoûtant, vraiment. 

«Eyes Closed», 145 € les 50 ml; 205 € les 100 ml

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