Crédit : Marie-Amélie Tondu
Freaky Debbie, de son vrai nom Déborah Amaral, est la jeune styliste à l’origine de Pantheone et House of P. Ses créations, inspirées par la femme et dédiées pour la femme, sont toujours empreintes d’un petit côté décalé… Adepte du sport et des super-héros, Déborah est aussi récemment devenue maman… On lui passe le micro !
Peux-tu te présenter ? Pourquoi le surnom Freaky Debbie ?
Déborah, 32 ans, je suis la fondatrice de la marque Pantheone et aujourdhui de House of P également. Je suis créatrice et ma spécialité est de détourner les codes de la mode. J’ai choisi le surnom Freaky Debbie parce que je me suis toujours inspirée des freakshows et que j’ai mon petit côté freak à moi aussi. Mais je crois qu’à la base ça venait d’un son d’Uffy que j’avais kiffé quand je suis arrivé à Paris, il y a bien 10 ans !
Tu as fait des études de finance avant de te réorienter dans la mode, le déclic c’était quoi ?
J’étais forte là-dedans mais je savais que je finirais par être malheureuse si je continuais dans ce domaine, d’ailleurs je l’étais déjà puisque c’est pour ça que j’ai décidé d’arrêter du jour au lendemain. Et là je me suis demandé ce que je voulais vraiment faire et je me suis souvenue que je rêvais d’être styliste quand j’avais 10 ans. Du coup j’ai tenté ESMOD Paris, j’ai été prise et tout a commencé.
Comment a évolué ton style vestimentaire au fil des années ? Penses-tu qu’en vieillissant et en devenant maman ton style va s’assagir ou au contraire va-t-il s’affirmer davantage ?
En terme de création, je n’ai pas du tout l’impression de m’assagir vu que je fais encore beaucoup de costumes fous avec toujours de gros défis au niveau des matières comme on peut le voir dans mes projets Ikea, Dior ou encore Lafayette… Je pense que j’aurai toujours une envie d’aller plus loin.
D’un autre côté, avec le temps on devient plus mature, et à présent je suis aussi capable de dessiner des choses beaucoup plus simples et épurées comme la collection que j’ai réalisée pour Citadium.
Sinon côté vestiaire perso, depuis que je suis maman, je n’ose plus mettre des mini-shorts comme je le faisais avant ! Ma vision de la femme a toujours été très sexy et assez dénudée, peut être que je vais m’assagir de ce côté là…
Après Pantheone, House of P est ton nouveau projet, peux-tu nous le présenter ?
House of P est en quelque sorte ce qu’il reste de l’énergie de Pantheone. C’est pourquoi on retrouve cette lettre « P » qui m’est chère, car c’est le « P » de Paris, de Passion, de Performers. Et le « House of » c’est un clin d’oeil aux houses de voguing, un univers avec lequel j’ai beaucoup travaillé ! Ce sont eux qui portent le mieux mes créations. En résultat, House of P est une communauté artistique réunissant tous les gens avec qui j’ai pu travailler pour Pantheone : des stylistes, des modélistes, des maquilleurs, des coiffeurs, des performers… C’est une évolution de Pantheone. Ce n’est plus une marque mais une agence créative qui bosse afin d’apporter un contenu fashion à toutes les marques. Que ce soit des shows avec des costumes fous pour des events, des tenues d’hôtesses, des animations créatives ou des collections capsules, on peut intervenir de plein de manières différentes et j’aime cette polyvalence.
Crédit : Chloé Bonnard
Tes créations sont toujours super originales, où puises-tu ton inspiration ?
Je puise beaucoup mon inspiration dans ma manière de voir la femme, je la mets toujours sur un piédestal alors je l’assimile beaucoup au monde fantastique, aux super héros, aux comics… Je m’inspire aussi beaucoup du sport. Et d’un autre côté j’ai cette attirance pour tout ce qui est très graphique. Je suis fan de Bauhaus et j’aime travailler les formes, les couleurs et les matières dans les découpes de vêtements. Je suis aussi très influencée par des artistes comme Guy Bourdin ou Jean Paul Goude qui ont une vision de la femme avec laquelle je me sens très proche. La femme a plein de facettes différentes et je crois que c’est ça qui m’inspire avant tout.
Tu as l’air de n’avoir peur de rien et de tout oser, c’est ton secret pour réussir ?
Ahaha oui peut-être ! En vrai j’ai peur comme tout le monde. Mais quand j’ai vraiment envie de quelque chose je ne me pose même pas la question et je fonce tête baissée. Je suis surtout bornée et très passionnée et quand il s’agit de ma passion je suis prête à bosser 24/24 pour arriver à ce je veux !
À côté de la mode, tu as d’autres projets ?
En parallèle de Pantheone j’ai bossé en scénographie pour Calvi on the Rocks, un festival de musique électronique en Corse, pendant 7 ans. J’ai adoré appliquer mes connaissances en couture pour servir un autre métier, c’est quelque chose qui m’influence aussi aujourd’hui dans la mode.
Penses-tu un jour faire de la mode pour les hommes, ou une mode mixte ?
Je ne m’imagine pas faire que de l’homme parce que j’ai une trop grosse histoire avec la femme et c’est ça qui me parle le plus. Par contre j’adore jouer des codes masculins/féminins donc je pense que j’irai vraiment sur une mode mixte.
Crédit : PauletMartin Studio & David Huguenot Petit
Tu as fait une collection de maillots de foot à floquer pour la coupe du monde, et puis quand je regarde tes créations, je retrouve beaucoup de sportswear mixé avec du costume d’héroïne. Selon toi le sport est une manière de révéler son girl power ?
En fait j’adore casser les codes donc quand on me dit « fais une collection de maillot de foot pour femme », j’adore parce que c’est pas forcément attendu. Mais même avant la collaboration avec Citadium, je me suis toujours inspirée du sport, notamment du tennis. Sans parler de revendication girl power, je trouve que c’est quelque chose qui met en valeur la femme et je trouve surtout que pour être une femme aujourd’hui il faut être sportive. Depuis que je suis maman, je n’ai même plus le temps de faire du sport mais j’ai l’impression de courir le marathon tous les jours ! Il nous faut donc des tenues adaptées !
Crédit : Marie-Amélie Tondu
Crédit : Maris-Amélie Tondu
Crédit : Marie-Amélie Tondu
Tu as récemment accouché d’une petite fille, devenir mère a changé ta vision de la femme/féminité ?
Je vois la femme encore plus « super-héroïne » quand elle est mère. Finalement ça ne fait qu’appuyer la vision que j’avais d’elle depuis toujours ! D’avoir une petite fille et de lui transmettre cette vision de femme forte prend encore plus de sens pour moi aujourd’hui.
> Interview de Françoise Lesne