5 QUESTIONS À MORGANE CATTEAU, CRÉATRICE DE VENITZ, BOUTIQUE ÉCO-RESPONSABLE À BIARRITZ

Morgane et Rudy se rencontrent à Paris. L’une est une petite main de la maison à double C depuis 14 ans. L’autre, tout juste rentré de Barcelone, travaille dans un showroom de marque éco-responsable. Elle grandit au bord de l’Atlantique, lui, sous le soleil de Perpignan. Et c’est lors d’un voyage en Californie que les deux amoureux se mettent d’accord : ils vont ouvrir leur boutique de mode éco-responsable. Venitz est née.

© Atelier Boutique Venitz Morgane et Rudy
© Atelier Boutique Venitz Morgane et Rudy

Votre boutique se trouve à Biarritz, c’est un choix de lieu emblématique pour la marque ou vous avez atterri là par hasard ?

Le projet est venu après mon envie de m’installer là-bas. C’était mon rêve de pouvoir y vivre. Biarritz était le lieu idéal, entre mer et montagne. Un jour, j’ai décidé de changer de vie. Après 14 ans en tant que Parisienne et petite main de Chanel. J’avais besoin d’aller mieux, de me rapprocher de la nature, pour me sentir plus en accord avec mes valeurs éco-responsables. 

Ensuite, il faut savoir que la boutique est à quelques pas des anciens ateliers Coco Chanel. Et lors d’une visite de Biarritz, on m’a raconté tout le passé historique mode de la ville. Avant ici, c’était très luxueux, il y avait énormément de maisons de couture. Ça me fait très plaisir d’apporter un peu d’expérience et de savoir-faire à un lieu qui a connu un tel passé, mais que l’on est venu à oublier.

Venitz c’est donc le fruit d’un amour... du soleil, de l’élégance, de la liberté, de la consommation plus propre. Quel a été votre déclic pour vous tourner uniquement vers de l’upcycling ?

Depuis toute petite, je vais dans les brocantes. Et puis quand j’ai commencé à avoir mes premiers chez moi, je meublais toujours avec des choses récupérées dans la rue. Chez Chanel, on avait beaucoup de grands morceaux de tissus qui tombaient. Cela m’intéresse beaucoup plus que de rechercher un tissu neuf. Et puis, cela m’apporte une satisfaction de réussir à créer une nouvelle pièce avec des chutes, c’est un vrai challenge créatif.

J’ai toujours été habituée à récupérer les petits bouts et j’aime me servir des miettes pour en refaire quelque chose de neuf.

De plus, la qualité est souvent bien meilleure. La différence est flagrante, les vêtements vintage tiennent dans le temps. Je suis anti-fast fashion mais je laisse les gens faire ce qu’ils veulent, disons que j’indique la voie pour aller vers un meilleur mode de consommation.

Vous avez été l'une des petites mains de Chanel pendant près de 14 ans… Qu’avez-vous gardé de votre parcours au sein de la maison ?

J’ai commencé par la haute couture en tant qu’apprentie avec une tutrice. Ensuite, je suis partie à l’étage du dessous, au prêt-à-porter. C’était nettement plus dynamique parce qu’il y avait six collections par an. On faisait les robes qui défilaient sur les podiums, on avait la chance d’aller aux défilés de temps en temps. 

Aujourd’hui, j’ai Chanel dans les veines. Quand je suis rentrée dans la maison, j’avais 20 ans. C’est là-bas que j’ai appris la couture. C’est devenu naturel de créer dans l’ADN de CC. Alors bien-sûr, Chanel m’inspire, mais j’adore aussi Miu Miu. J’aime aussi les 70’s, le disco, le côté rétro des paillettes, mais toujours en petite touche, c’est très léger. Je suis aussi très inspirée par l’océan, le soleil, la nature.

De la maison, j’ai gardé les points main, les points invisibles, les points de chaussons. En fait, c’est lorsque l’on n’utilise pas de machine à coudre. Juste un fil, une aiguille et nos petits doigts. Ainsi, nos points maintiennent le tissu. 

 

Tous les vêtements sont faits à la main, par vous-même ?

Je travaille sur des bases déjà existantes, sur des vêtements de seconde main. Ensuite, je viens upcyclé (Ndlr : Surcyclage, c’est l’action de récupérer des vieux produits pour en faire quelque chose de nouveau avec une qualité supérieure) avec des chutes de tissus de créateurs.

Par exemple, en ce moment, je travaille avec une artiste des Landes. Elle utilise du pigment sur des très grandes façades. Moi, je récupère ses chutes de tissus, qui sont juste magnifiques. J’utilise aussi beaucoup les galons, des bijoux fantaisie que j’ai démonté pour rebroder. Mes chutes viennent de ressourceries, de brocantes, des dons de tissus. J’en ai énormément puisque ça fait 15 ans que j’accumule.

Quand je suis partie de Paris, la moitié de mon déménagement, c’était des perles et des tissus… Venitz c’est une boutique/atelier de mode éco-responsable. J’ai ma table de travail avec un grand mur de rangement pour mes tissus. À côté, il y a un portant avec mes créations mélangées avec une marque de vieux jeans recyclés d’Amsterdam. Le reste de la boutique est organisée avec des marques engagées avec lesquelles on travaille (parmi elles, People Tree, Ecoalf, MUD Jeans, pour n’en citer que quelques-unes).

Quel est l’avenir de Venitz selon vous ? Quels sont vos projets dans un futur proche ?

On ouvre la boutique homme un peu plus haut dans la rue ! C’était notre projet de base, les hommes ont tout autant le droit à un mode éco-responsable. Ce sera une boutique gérée par Rudy, dédiée à l’homme entre accessoires et mode éthique.

Je vais également créer quelques pièces ucyclées. Je souhaite faire venir des petites mains pour travailler en équipe, des anciennes collègues de haute couture. Aussi, j’aimerais beaucoup intégrer une friperie. Je sélectionnerai les pièces pour les mettre à la vente puis ce serait intéressant de faire directement un upcycling sur ces pièces avec une cliente.

Aujourd’hui je propose déjà une personnalisation de pièces amenées. On détermine ensemble un budget et on choisit les tissus, les couleurs, on essaye devant un miroir. L’idée, c’est de redonner vie à une pièce qui dort dans un placard, au lieu d’en acheter une neuve !

À retrouver en boutique ou sur le e-shop

Un article de Margot Hinry

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