VENDREDI SUR MER PREND LA VAGUE
Photo Charline Mignot
La jeune chanteuse de 22 ans, Vendredi sur Mer, célèbre toutes les femmes dans de petits scénarios érotico-poétiques, avec la même espièglerie que Cléa Vincent. Son électro-pop synthétique, mise au point par Lewis OfMan (The Pirouettes), emprunte autant au blues qu’au disco.
Tu parles toujours de femmes dans tes chansons. Qui sont-elles ?
Vendredi sur Mer : Ce sont des femmes qui font partie de ma vie ou que je m’invente. J’aime les femmes naturelles à la Charlotte Gainsbourg. Les femmes fortes et exigeantes, et en même temps réservées, presque sur la défensive, qu’il faudrait dompter gentiment. Les femmes avec une aisance et un charisme naturels à la Maïwenn. C’est une perturbatrice, j’aime ça !
Qu’est-ce qui conditionne l’ambiance de tes chansons ?
J’écris souvent quand je suis en colère ou déçue. Dans La femme à la peau bleue, je parle d’une rencontre manquée. Une femme à qui je n’ai pas osé parler sur le moment. Ça m’a laissé une mini cicatrice. C’est à ce moment-là que vient l’inspiration, quand je suis vulnérable.
Tu suis toujours une trame narrative ?
Oui, toujours. Je dis « tu » comme si j’écrivais une lettre et que je m’adressais directement à la personne. Plus jeune, j’écrivais des nouvelles, des poèmes, de l’autofiction. J’ai même écrit un livre sur ma grand-mère. Je suis possédée et fascinée par les femmes (Sourire).
En tant que photographe, tu explores la notion du genre, le féminisme, la censure des tétons et autres attributs féminins. C’est important, pour toi, d’être engagée ?
Oui, je suis très féministe. Ça agace gentiment mon père (Rires). Je suis fascinée par le corps de la femme que je trouve magnifique. J’aime les rondeurs, les courbes, c’est délicat. Je dis souvent à ma mère : « J’aurais dû vivre à une autre époque, j’aurais été idolâtrée de tous ! » (Rires).
Est-ce que tu aimerais poursuivre l’exploration de ces thèmes en chansons ?
J’ai tenté d’écrire des textes féministes, ou du moins plus engagés, mais j’en parle mieux en photos. C’est plus facile de raconter quelqu’un d’autre que de se raconter soi-même.
Quand tu es sur scène, te poses-tu la question de la représentation de soi ?
La scène, c’est relativement nouveau pour moi. J’ai vraiment peur de décevoir. Pourtant, j’ai fait huit ans de théâtre et j’étais très à l’aise. Je sortais des blagues, j’en faisais des caisses parce que je savais que les gens étaient réceptifs… Vendredi sur Mer, c’est un personnage. Ce n’est pas Charline Mignot. Je n’ai pas envie de me mettre trop en avant. C’est peut-être une forme de protection. On a décidé d’y aller crescendo pour que je rentre physiquement dans le projet. Par exemple, pour l’instant, on ne voit que mon œil sur la pochette du single Les Filles Désir. Je voulais regarder de haut sans paraître hautaine.
On sent une candeur mêlée à une certaine forme d’innocence.Tu aimes souffler le chaud et le froid ?
Oui, ça me plaît. J’aime qu’on s’imagine des scénarios différents à chaque chanson. C’est glacial et en même temps, très sensuel. Mon Roi de Maïwenn résume parfaitement l’EP, avec ce mélange de douceur, de violence et d’amour.
Qui sont les artistes que tu jalouses ?
Yelle et toute sa carrière. Elle est incroyable !
Tu fais partie d’une génération multitâche qui ose tout. Toi qui es très attachée à la Nouvelle Vague, crois-tu qu’on puisse la définir ainsi ?
Oui, complètement ! On est LA génération qui casse toutes les barrières, et ça fait du bien. Ce n’est plus du tout cloisonné. Quand on pense que Patrick Bruel est l’un des seuls artistes de sa génération à faire plusieurs choses : être tête d’affiche au cinéma, au théâtre et à avoir connu la Bruelmania grâce à ses chansons… J’ai entendu ça dans On n’est pas couché (Sourire). Nous, on ose, on se permet, et on ne demande l’avis de personne.
En concert le vendredi 9 mars au Théâtre Fairmont à Montréal et le 27 avril à la Gaîté Lyrique à Paris