ROSEMONDE PIERRE-LOUIS : « J’AI PARLÉ POUR MES FILLES ET POUR NOS ENFANTS »

Rosemonde Pierre-Louis vient d’écrire son premier roman autobiographique. Ça s’appelle « Je ne suis pas ta mère », et ça raconte son histoire, entre Haïti et la France. Interview.

Rosemonde Pierre-Louis est une femme d’affaire Franco-Haitienne qui a créé en 2016 sa propre agence de communication. Mais elle vient surtout de sortir son premier livre en auto-édition : Je ne suis pas ta mère. Ce récit autobiographique est sorti début novembre et raconte son histoire, l’histoire de « quatre générations de femmes enfermées dans un huis-clos mental qui se croisent sans jamais se rencontrer, jusqu´au moment où les secrets qu’elles partageaient sont devenus des fardeaux assassins. » Une histoire terrible, mais pleine d’espoir…

Rosemonde Pierre Louis
© Rosemonde Pierre Louis

Bonjour Rosemonde ! Comment vas-tu depuis la sortie de ton livre « Je ne suis pas ta mère » ?

Bonjour la team Paulette ! Je vais plutôt bien. J’ai enfin terminé ce projet, le projet d’une vie, pour lequel j’ai consacré environ 2 ans. Je suis soulagée d’être allée jusqu’au bout et plutôt contente de l’avoir terminé. En revanche, la plupart des gens l’ayant lu m’ont fait part de leur vécu et, pour le coup, je m’aperçois que c’est un fléau qui n’est pas assez pris en charge – ni par nos politiques, ni par la société. Donc finalement, je suis plutôt mitigée.

 

Peux-tu nous en parler plus en détails ? Que raconte ce livre ?

Ce livre raconte le parcours d’une petite haïtienne née dans le chaos, à Port Prince durant le règne du dictateur Jean-Claude Duvalier. Son histoire s’entremêle avec celles des femmes qui l’ont élevé, ses grands-mères, mères ou tantes. On y découvre Haïti durant les années 60, le 18e arrondissement de Paris à la fin des années 80 puis la banlieue et Paris de nos jours… Jalonné d’obstacles, la vie de ces femmes est aussi l’occasion de pointer du doigt les tabous qui pourrissent les relations et les secrets qui divisent les familles. J’ai donc décidé de briser les chaînes et de parler. J’ai écrit ce livre pour nommer le mal qui prend racine en Haïti et qui a failli se perpétuer jusqu’à Levallois – là où j’habite actuellement. Je n’ai pas voulu que les choses se reproduisent, alors j’ai parlé. J’ai parlé pour mes filles et pour nos enfants.

 

Je suis prête à défendre ce livre et à l’emmener le plus loin possible. Non pas parce qu’il est bien écrit, mais surtout parce qu’il défend une cause noble et nécessaire qui est la protection de l’enfance, de l’innocence. C’est un livre choral car il raconte plusieurs histoires : le déterminisme social, l’accomplissement en tant que femme, noire, immigrée, issue des quartiers et puis la notion d’amitié et d’amour. Surtout l’amour.

Couverture du livre "Je ne suis pas ta mère" de Rosemonde Pierre Louis
Couverture du livre "Je ne suis pas ta mère" - © Rosemonde Pierre Louis

Qu’est-ce qui t’a donné l’impulsion d’écrire ?

Au début, j’écrivais de manière thérapeutique parce que j’avais besoin de me réapproprier mon histoire. De la digérer, d’y faire face et de l’accepter. C’était une nécessité. Ensuite, je me suis aperçue que ça prenait une autre tournure, que ça devait être lu par le plus grand nombre. Car ça n’est pas que mon histoire, c’est une histoire universelle. J’ai écrit sans m’arrêter, j’ai ressenti une espèce d’urgence dans ma manière d’écrire. C’était une façon pour moi de dire les choses – vite – et de m’en débarrasser.

 

Comment s’est passée l’écriture d’un récit aussi personnel ?

Je voulais montrer mes parts d’ombres comme mes réussites. J’ai écrit comme si je me parlais à moi-même et j’ai essayé d’être la plus sincère possible. Ensuite, il faut savoir que le livre n’a pas été écrit de manière linéaire. J’avais déjà écrit les passages qui me paraissaient plus agréables, et les passages douloureux ont nécessité que je me retrouve seule face à moi-même. Pendant 3-4 jours, enfermée, à ne faire que ça et à digérer les émotions. Ça n’a pas été la partie la plus sympa du livre mais c’était hyper riche. Thérapeutiquement parlant, je conseille à tout le monde de faire quelque chose dans ce genre. Même si cela n’est pas destiné à être lu ! Se retrouver seul·e face à soi-même, face à ses fêlures et ses blessures, certes ça fait mal mais ça permet aussi de les réapproprier.

 

Comment as-tu réussi à y glisser de l’espoir ? Et pourquoi c’était important pour toi ?

Paradoxalement, j’ai toujours été quelqu’un de positif. Le livre parle de sujets difficiles mais aussi de sujets joyeux, parce que les femmes de ma vie (et tous leurs caractères différents) m’ont façonnée. Je vais donc être très pugnace, assez forte dans les moments difficiles, tout en restant une très grande sensible. Et de l’autre côté je peux être quelqu’un qui fait tout le temps le clown (rires). C’était donc assez facile pour moi de glisser une note d’espoir. Qui plus est qu’aujourd’hui je vais mieux ! Aujourd’hui, je suis super contente de ce que je fais, j’ai un super boulot, des enfants magnifiques, un mari extraordinaire, des potes. Je peux apprécier des moments que je ne pouvais pas apprécier étant plus jeune. Je ne pouvais pas terminer le livre sur une note négative.

 

Merci beaucoup, Rosemonde !

 

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