PROMENADE ENGAGÉE ET STREET ART FÉMINISTE DANS PARIS, VOUS ALLEZ AIMER

Vous ne savez pas quoi faire de votre week-end et pensez avoir fait le tour de la capitale ? Direction la Butte-aux-Cailles (13ème arrondissement) pour découvrir ce quartier aux allures de village, sur le thème du street art et du féminisme ! Tout un programme, génial et instructif. 


Au détour de rues, Cécile et Julie, étudiantes de 22 ans à Sciences Po, présentent des artistes connues ou méconnues et abordent les notions clefs du féminisme. 
« Après un an en Angleterre, on a été sidéré de voir qu’en France, beaucoup des gens ne savent pas ce que c’est vraiment. Il y a des confusions, des idées préconçues. Quand on se dit féministe on se retrouve presque mis de côté. L’objectif du tour est d’aborder ce mouvement par le prisme de la culture. On ne voulait pas quelque chose de théorique qui pourrait rebuter » expliquent-elles. 
Le projet s’adresse donc à tous, qu’on soit déjà sensibilisé.e à l’égalité des genres ou qu’on en ait une idée vague, qu’on soit un homme ou une femme.
Les visiteurs pourront ainsi découvrir les œuvres de Miss Tic, célèbre pour ses pochoirs présents partout dans Paris. Arrêtée à ses débuts pour son activité illégale, l’artiste est aujourd’hui encouragée à s’exprimer sur les murs des cafés, restaurants ou autres commerces. Présentant une femme hyper sexualisée, elle détourne les standards pour en faire des messages très « girl power ». « L’abus de plaisir est excellent pour la santé », « Mieux que rien n’est pas assez », « Je ne brise pas que les cœurs » ou encore « Le temps est un serial qui leurre »…


Dans la suite du parcours, on sourit devant les miroirs « Mais oui tu es belle !», célébrant toutes les beautés, qu’on soit coiffée n’importe comment, on qu’on rentre de soirée un peu en vrac. Une initiative qui fait écho au travail de Mass Toc, représentant la pluralité des corps féminins. L’occasion pour les guides d’ouvrir une parenthèse sur le bodypositivism (célébrer toutes les morphologies ndlr).

Au détour d’une rue, on lève les yeux sur un fil où sont accrochés une multitude de talons. Jetés en l’air, on peut y voir un symbole de libération. « Ce n’est pas un problème de vouloir mettre ce type de chaussures. Par contre c’en est un d’être obligées de le faire. L’accès au tapis rouge à Cannes avait été refusé à une femme qui n’en avait pas. Récemment, j’ai postulé à une annonce pour un job d’accueil. J’ai expliqué que j’avais des soucis de santé et que je ne pouvais pas porter de talons. Ils n’ont jamais donné suite ! »
Julie et Cécile ponctuent leur visite d’anecdotes personnelles, de parallèle avec l’actualité, l’histoire ou la pop culture. La place de la Commune permet de présenter la figure de Louise Michèle, militante féministe et anarchiste des années 1870, l’immense mur de Jace représentant Mario sauvant la princesse Peach est l’occasion d’aborder les stéréotypes de genre dans les relations hommes/femmes, et les œuvres anonymes illustrent le féminisme intersectionnel, prenant en compte le milieu social, la couleur de peau, l’âge… dans le rapport au sexisme.

La visite d’une heure se termine dans un bar pour poursuivre les échanges et répondre aux questions. Autour d’un verre offert, les débats et les points de vue sont enrichis des différentes nationalités des participants. Pour le moment en anglais, le tour est en effet ouvert à tous, et beaucoup de touristes sont présents. 

« On a pu rencontrer des gens de Nouvelle-Zélande, du Danemark, d’Hawaii, d’Israël, du Minnesota, d’Australie, de France… Bref d’un peu partout. Certains sont étonnés qu’on ait autant de problème avec le voile, ils nous demandent aussi quel impact a eu le mouvement #MeToo, ce qu’on pense de la réaction de Catherine Deneuve… D’autres ne sont pas d’accord avec nous. Tout à l’heure on a eu un débat sur la galanterie par exemple. C’est très intéressant. Il n’y a pas qu’un féminisme. Entre nous, nous avons des points de désaccord mais ça nous rend très complémentaires. Le tour nous permet d’avoir une vision de l’égalité homme/femme ailleurs » confient-elles.

Egalement diplômées d’études sur le genre, les deux femmes comptent faire de ce projet étudiant une initiative pérenne. Elles projettent notamment d’élargir la visite à d’autres quartiers de Paris, et d’aborder le féminisme avec d’autres supports que le street-art. 
Pour les moins bilingues, sachez qu’une visite en français devrait être prévue dans les mois à venir.
La visite est à 15 euros, tous les samedis et dimanches à 16h30 et bientôt en semaine. Prévoyez votre appareil photo, et ouvrez grand les oreilles. 

Bonne ballade !

 
> Article de Lison Herledan
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