PAULETTE TALKS : L’HYGIÈNE MENSTRUELLE AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS

Les menstruations, encore taboues, ne s’accompagnent pas toujours de précautions sanitaires adaptées. Chaque mois, en raison d’un manque d’information, et de moyens matériels, des millions de personnes menstruées mettent leur santé en péril. Afin de lever ces non-dits et de sensibiliser sur les risques encourus, la journée mondiale de l’hygiène menstruelle revient ce jeudi 28 mai. 

Illustration de @limisticblog

Sensibilisation et information : maîtres mots du jour 

C’est en 2014 que la journée apparaît. Sous la volonté de Thorsten Kiefer, Allemand diplômé en droit international et fondateur de Wash United – une association engagée dans l’accès à l’eau et à l’hygiène -, cette date est sauvée mondialement, chaque 28 mai, afin de communiquer et d’éduquer sur l’hygiène menstruelle. 

Comment comprendre cette idée d’hygiène menstruelle ? Simplement comme la capacité d’accéder à des protections hygiéniques propres, de pouvoir en changer aussi souvent que nécessaire, d’être suffisamment informé.e pour connaître les gestes et les précautions à adopter, et de pouvoir se laver durant cette période : mains, parties intimes et vêtements compris.

Le poids des tabous, l’absence d’informations et le manque de protections hygiéniques conduisent à de réelles prises de risques : choc toxique, infections, maladies, mortalité, en sont les conséquences, ainsi que l’exclusion, la déscolarisation et les illégalités entre les genres.

Combattre la précarité menstruelle 

L’hygiène menstruelle soulève un réel problème de santé publique. Cette dernière est souvent mise à rude épreuve en raison de la situation précaire que traversent certaines personnes. Une étude menée par l’IFOP, sur l’hygiène et la précarité en France, relève que 1,7 millions de françaises manquaient de protections hygiéniques en 2019.

Malgré la promesse du gouvernement français, en 2016, d’abaisser la taxe sur les protections hygiéniques (passée de 20% à 5,5%), la note reste salée. Myriam Attia, co-réalisatrice du documentaire « 28 jours », estimait la facture moyenne des règles sur une vie à 5763 €. À cause de ces prix toujours plus rocambolesques, l’étude de l’IFOP indique qu’une femme sur trois déclarait ne pas changer de protections aussi souvent qu’il le fallait. Elles affirmaient aussi trouver des moyens de substitutions pour se protéger de ce sang qui s’écoule tous les mois (du papier toilette, entre autres). Beaucoup de personnes menstruées n’ont ni les moyens financiers, ni la possibilité d’accéder à ses produits, pourtant de première nécessité. 

Cette précarité menstruelle concerne non seulement les difficultés financières mais aussi les obstacles géographiques et sociaux pour se munir de produits hygiéniques. En février 2020, l’OBS rapportait que certaines détenues tentaient de réaliser des cups à l’aide de bouteilles plastique usagées. Quand, de son côté, l’UNESCO recensait qu’une Africaine sur dix n’allait pas à l’école pendant ses règles. En cherchant des alternatives aux protections hygiéniques, en n’en changeant pas comme il le faudrait, ou en n’ayant pas la possibilité de s’en prémunir, la précarité menstruelle expose directement les personnes qui la subissent à de nombreux risques sanitaires, sociaux et éducatifs. 

Des marques pour montrer la voie

Pour faire bouger les lignes, des initiatives se mettent en marche. Depuis quelques mois, l’Écosse est devenu l’un des premiers pays au monde à miser sur la gratuité des protections périodiques. Et le combat ne se termine pas ici, car marques et associations s’engagent sur cette même voie. 

C’est le cas de Monki, une marque de prêt à porter, qui contribue à « rendre les règles plus simples pour les jeunes femmes ». À chaque paires de lunettes ou cup Monki achetées, une coupe menstruelle est offerte à Cup Fondation – une association aidant les jeunes femmes, n’ayant pas accès à des ressources suffisantes pour gérer leurs règles -. Depuis 2017, 13 537 coupes menstruelles leur auraient été distribuées. 

Ces valeurs, Dorothée Barth et Coline Mazeyrat, créatrices de la start-up française Jho, les rejoignent. Leur combat : mettre à mal les tabous, et empêcher les produits cancérigènes de flirter avec les protections hygiéniques. Le principe de la marque ? Proposer des boxes et des produits hygiéniques éco-responsables, en coton bio, sans plastique, sans parfum, sans blanchiment au chlore. Au-delà d’une promesse de protections garanties sans aucun additif chimique, Jho s’engage à reverser 1,8% de son chiffre d’affaires à 4 associations investies dans l’accès à l’hygiène menstruelle et aux protections hygiéniques.  

Aujourd’hui encore, comme depuis maintenant 6 ans, l’importance de cette journée réside dans la sensibilisation et l’information, pour vivre ses menstruations sans que risques sanitaires et exclusion ne fassent partie de l’équation. 

Article de Marie Le Seac’h

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