MOTHER, LE HUIS CLOS LE PLUS ANXIOGÈNE DE LA RENTRÉE

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Le 13 septembre prochain sortira le long-métrage Mother! réalisé par Darren Aronofsky (réalisateur de Black Swan et Requiem for a Dream, entre autres). Le thriller psychologique met en lumière le duo Jennifer Lawrence et Javier Bardem dans un scénario complètement névrosé où le fil rouge s’enroule autour de votre cou jusqu’à l’étouffement. Paulette s’est rendue à l’avant-première jeudi dernier, en présence de Jennifer Lawrence et du réalisateur Darren Aronofsky dans la salle du UGC Normandie, en plein cœur des Champs-Élysées.

Tous les journalistes ont hâte de découvrir ce film qui a provoqué la huée quasi générale lors de sa présentation à Venise une semaine plus tôt. Darren Aronofsky adresse quelques mots à la presse présente, qui prirent toute leur importance par la suite : « Il est encore temps pour vous de quitter la salle ! »

 
Mother! fait cohabiter deux forces contraires dans un huis clos anxiogène où l’eau et le feu s’opposent sans cesse. Le spectateur se sent pris par la main, il est contraint de subir cette pression constante, aussi noire que psychotique. 

Une entité revancharde plane. Jennifer Lawrence incarne une jeune femme introvertie qui ne laisse aucun doute sur l’éphémérité de son rôle au sein de cette grande maison. Presque transparente, bien que nécessaire, elle reflète à la perfection cette partie de nous-même qui nous définit autant qu’elle nous hante. En face d’elle, mais jamais pour très longtemps, Javier Bardem incarne un écrivain confronté au syndrome de la page blanche, incapable d’aimer quelqu’un d’autre que lui même. Ces deux amants évoluent au début du film dans un environnement déjà hostile aux yeux du spectateur sans que l’on sache vraiment pourquoi.

Des événements fantasques ne vont alors cesser de se succéder. Jennifer Lawrence semble obsédée par les travaux de cette grande maison qu’elle tente d’habiter autrement qu’à travers ce fantôme qui rôde dans les escaliers. Jusque-là, le spectateur ne peut cerner davantage que ce qui lui est donné à voir : le désir d’enfant d’une femme qui n’est pas partagé par un homme trop préoccupé par son amour propre pour croiser le regard de celle qui l’admire tant. Les gros plans se suivent, la caméra subjective suit les moindres faits et gestes de Jennifer Lawrence de sorte que l’attention est tout orientée vers ce qui est essentiel : une vie saine, sans artifice. Une attention excessive pourtant gênante, puisqu’on ne s’identifie pas à cette femme qui semble parfaite, tant la nature humaine s’est altérée. Le spectateur est face à un miroir presque neuf (Jennifer Lawrence), mais il préfère toutefois se regarder dans la seule fissure présente (Javier Bardem).

Lorsque vous pensez avoir franchi vos limites, Darren Aronofsky va au-delà. Véritable psychanalyse inachevée et inbouclable, il laisse la démence se déchaîner dans ce qu’elle a de plus profond. La violence de la race humaine, l’égoïsme dont elle fait preuve et la confiance abjecte qu’elle préfère confier à ce qui ne sauve pas et qui détruit. Le réalisateur de Black Swann avait déjà entrouvert la porte de ce que l’être humain contenait de plus noir dans ses films précédents, mais Mother! va encore plus loin. Si vous pensez que la plaie ne saigne plus, c’est que la goutte n’a pas eu le temps de tomber. Darren Aronofsky présente son film comme un pamphlet où la nature humaine est clairement remise en cause. Comment revenir à l’essentiel lorsque la main de l’homme a déjà tout détruit ? 



Mother! sera projeté dans toutes les salles à partir du 13 septembre. Et aussi utile que cela nous a paru, gardez en tête les mots de Darren Aronofsky : « Mother! ne raconte pas l’histoire de la mère que l’on a tous, mais de cette mère qui dort sous nos pieds.» 
 
> Article de Stacie ARENA 
 
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