LÉNA SITUATIONS : « C’EST LA HONTE DE NE PAS ÊTRE FÉMINISTE »
A l’occasion de la sortie de Toujours Plus, Léna Situations nous parle des étapes de création de son livre et de son parcours. Interview.
Léna Mahfouf, aka Léna Situations, a 22 ans. Influenceuse, elle est sur les réseaux sociaux depuis deux-trois ans seulement. Et pourtant, elle vient de sortir son livre : Toujours Plus -créé entièrement par des « nanas ». « Que ce soit à l’écriture, l’éditrice, les photos, le maquillage, … On est sur une team de nana, et ça, ça me remplit de joie. » Livre de développement personnel, on peut le reconnaitre grâce à son iconique couverture jaune. Et à cette occasion, on en a profité pour lui poser quelques questions.
Quand et comment avez-vous eu l’idée d’écrire un livre ?
Ça date d’il y a un petit bout de temps. Moi, à la base, j’étais arrivée dans les bureaux de Robert Laffont avec l’idée d’un agenda. Je voulais en faire un avec tout plein de conseils. En fait, c’était juste que je ne me sentais pas légitime de sortir un livre de développement personnel – parce que j’ai un très gros syndrome de l’imposteur. Et Robert Laffont en face de moi m’a dit : « mais là tu vas faire un agenda de 500 pages ma grande, on ne peut pas tout mélanger, pourquoi tu ne veux pas juste en faire un livre ? » Et ils ont eu une telle simplicité à me dire que je pouvais le faire que je leur ai dit « ok, je vous fais confiance. On tente le livre, et si ça ne marche pas, ce sera de votre faute (rires). »
Comment décririez-vous votre livre ?
C’est un condensé de ce que moi j’ai pu lire en termes de développement personnel – mais avec les conseils d’une personne qui a vraiment essayé de les appliquer. Je ne me voyais pas faire autre chose. Parce que c’est le tournant que j’apprécie le plus sur ma chaîne YouTube. Et des fois je n’ai même pas l’impression que ça va être du développement personnel, c’est plus de l’ordre de l’évidence. C’est de la bienveillance, un peu comme une grande sœur qui te donne des conseils. Au départ, je n’étais pas à l’aise de parler de mes expériences, je ne voulais pas qu’on pense que je sortais une biographie à 22 ans. Le but, c’était d’aller très loin de ça. Mais l’éditrice m’a dit « c’est intéressant quand tu parles de toi ». Je disais « non, je ne peux pas. Je ne suis pas assez crédible, ce n’est pas ma place de faire ça. » Mais quand j’ai commencé à écrire de manière chronologique, ça a fait sens.
Quelle est la cible de votre livre ?
De 7 à 77 ans (rires) ! Je pense qu’à travers les chapitres on voit que je grandis et que les problématiques ne sont plus les mêmes. On passe du collège au lycée, du lycée à la vie adulte et de la vie adulte à vouloir affirmer ses ambitions. Donc je pense qu’une petite nana ou un petit mec en train de souffrir au collège, qui ne sait pas où aller et n’a pas trouvé sa voie, ça peut vraiment lui plaire. Et même quand t’arrives dans la vie active et que tu te rends compte que personne ne t’attend et au contraire que personne ne vient t’aider. Le but, c’est d’avoir ce livre, qui va être une petite tape sur l’épaule, pour te dire « t’inquiète ça va aller, voici mes conseils ».
Quel regard aviez-vous sur le graphisme ? Comment cela s’est passé ?
Le graphisme, il fallait absolument que ce soit quelque chose qui me ressemble. Parce que j’adore les images, et que mon métier c’est de mettre en image ma vie, mes leçons et ce que j’ai pu apprendre. Et en termes de couleurs, je voulais un truc hyper – je n’aime pas dire ce mot parce que c’est dingue de genrer des couleurs – « unisexe ». La couverture jaune c’était une évidence, parce que c’est ma couleur préférée et que c’était la couleur que j’utilisais quand je suis arrivée sur YouTube.
Combien de temps pensez-vous que les lecteurs doivent passer dessus ?
Moi j’adore les livres ou tu gribouilles, tu dessines, tu fais ta tambouille dessus. Et c’est la raison pour laquelle je suis très mal à l’aise à l’idée de prêter mes bouquins à des potes (rires). J’adore gribouiller sur mes bouquins, parce que j’adore y revenir en fait. Je ne suis pas du genre à lire un livre de développement personnel d’une traite. J’aime bien prendre mon temps sur un chapitre, le relire, sauter des pages quand ça ne m’intéresse pas… Et c’est pour ça qu’on a fait en sorte d’avoir un papier où tu peux écrire dessus – peu importe ton stylo. Parce que je veux que le lecteur -enfin libre à lui…, mais j’aime l’idée de me dire que c’est un bouquin que tu peux relire quand t’es sous l’eau, que tu peux retourner sur un chapitre quand t’en as besoin.
Est-ce que vous avez assez pu parler de vos valeurs à votre goût ? Féminisme, tolérance, antiracisme, etc… ?
Je grandis de plus en plus en me rendant compte que les gens qui me suivent sont des vrais gens et que quand je parle, il y a peut-être une réelle influence. Et c’est difficile d’être responsable à 22 ans d’autant de personnes. Je m’en suis rendue compte quand le livre avait déjà bien avancé, pendant Black Lives Matter – où j’ai pris une grosse claque. Quand j’ai partagé les liens des pétitions, la plupart des messages que je recevais c’était des jeunes qui me demandaient comment ça fonctionnait. Et c’est là où je me suis dit qu’il fallait utiliser cette influence dans la pédagogie. Et peut-être qu’un jour j’en ferai quelque chose de plus gros, mais dans le livre, j’en parle avec une telle évidence ! Le racisme et l’homophobie c’est un peu démodé si je peux me permettre. Ça me parait évident que l’égalité c’est la base de l’humanité. Et c’est la honte de ne pas être féministe. J’ai l’impression qu’on a mis un gros mot autour de ça, genre c’est de l’extrémisme. Mais c’est pas du tout ça ! Et je crois que tout le monde devrait être féministe. Parfois j’en parle avec mon papa, et lui des fois il ne se rend pas compte que c’est féministe ce qu’il est en train de dire. Parce qu’encore une fois, ça sort de l’évidence. Et le but c’est que ça devienne une évidence pour tout le monde. Que le féminisme n’existe même plus.
Livre à retrouver chez tous les libraires et sur internet.
Article de Clémence Bouquerod