LE MUSÉE DU GRAFFITI ANNONCE SA RÉOUVERTURE
Depuis le mois de mai dernier, le Musée du Graffiti présente sur trois différents étages en plein cœur de Paris, près de 1700 artistes. Menacé de fermer ses portes le 16 juillet, le lieu restera finalement ouvert grâce à un don de Banksy.
Le street art ne cesse de rythmer l’actualité artistique et culturelle cette année. Une œuvre de Banksy, La Petite Fille au ballon, qui se réduit en miettes lors d’une vente aux enchères de la maison Christie’s, ou la Maison Européenne de la Photographie qui organise la toute première exposition monographique consacrée au street artist JR « Momentum, la mécanique de l’épreuve », sont autant d’évènements qui assurent à cette forme d’art une visibilité.
Cependant, le graffiti ne bénéficie pas vraiment de la même publicité. Forme d’expression parfois jugée inesthétique, ou sans réelle portée artistique à l’exception de quelques figures célèbres et célébrées telles qu’André ou Taki 183, le graffiti est « pourtant l’art de tout le monde »; selon les mots de Grégory, fondateur du musée. Et c’est ce qu’il souhaite exposer au sein de l’institution qu’il a fondée au printemps dernier.
Crédit : Musée du Graffiti
Aujourd’hui rendue publique, cette collection s’étalant sur trois étages est d’abord une collection personnelle. Elle présente des œuvres de récupération, que Grégory a lui-même extraites de la rue jugeant que personne n’y portait réellement attention, mais également des pièces qu’il a acquises sur le marché, en dépit du fait qu’il considère qu’il y ait un « art local en bas de chez soi ».
Cette opposition marquée a une dimension pédagogique. Elle souhaite souligner que l’essentiel dans le graffiti et le street art ne réside pas en sa valeur marchande mais en sa valeur culturelle. De ce fait, les œuvres exposées au troisième étage, dont la valeur marchande est extrêmement importante (OBEY, Taki 183, par exemple), sont elles-mêmes taguées afin de réaffirmer la nature première du street art – entendue dans sa dimension globale – qui est celle de l’expression et de l’échange.
Crédit : Musée du Graffiti
Si le plus grand musée du monde consacré au graffiti est la rue, la mise en place de ce musée-ci permet cependant de regarder cette dernière autrement une fois à l’extérieur. Une attention plus juste et particulière est portée sur ce qui nous entoure, car les graffitis non seulement « parlent aux gens », comme le souligne Grégory, mais ils renferment aussi l’expression même de souffrances sociales, personnelles ou encore d’une déploration de l’espace urbain trop austère qui nous entoure.
Crédit : Musée du Graffiti
À la fin de chaque visite nous est posée cette question : est-ce que le graffiti est un art ? Aucune réponse n’est mauvaise, bien que le musée s’érige comme un plaidoyer moderne qui ne nous laisse personnellement aucun doute à ce propos. La salle du second étage nous a particulièrement convaincues. Elle expose une série de graffitis, réalisés par un artiste anonyme portant le pseudonyme d’O’Clock.
Grégory, également photographe, s’est lancé dans une recherche de cet ensemble de graffitis aux quatre coins de la ville et les a rassemblés. Si ces derniers n’ont aucune valeur marchande à proprement parler, ils nous amènent à une réflexion sur l’homme et le temps qui passe, ce qui est finalement, l’un des principaux objectifs de l’art, et celui de répondre à cette toute autre question : d’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
Crédit : Musée du Graffiti
Le site du musée est ici ! Pour le visiter, rendez-vous au 20 passage Ponceau entre le métro Strasbourg Saint-Denis et Réaumur-Sebastopol. Il est également possible de le visiter sur rendez-vous, et la page Instagram est ici.
> Article de Yasmine Lahrichi