Ces 5 artistes ont fait l’actu musicale ce mois-ci

En fin de mois, nous avons pris l’habitude de vous partager quelques temps forts musicaux qui ont marqué les trente derniers jours – en tout cas, ceux qui ont retenu notre attention. Alors, quel·les sont les artistes qui nous ont fait vibrer en ce mois de novembre ?

Sega Bodega, humanoïde augmenté

Portrait de Sega Bodega
© SegaBodega

Sega Bodega, aussi connu sous son vrai nom Salvador Navarette, n’a rien d’un cyborg ou d’un avatar de jeu vidéo, il est fait de chair et d’os même si sa musique laisse entendre le contraire. Le producteur de 30 ans, aux manettes du label et collectif NUXXE (cofondé avec Shygirl et Coucou Chloé), fait partie des créatures mutantes, voire extraterrestres, qui cassent les codes de la pop (l’artiste Arca en tête de file), à grand renfort de voix surpitchées lancées à toute vitesse et de beats sous haute pression furieusement excitants. Pour cette nouvelle génération d’artistes, la matière, hybride et synthétique, est seulement malléable si c’est à l’extrême. Le nouveau single de Sega Bodega, Kepto, est un modèle du genre le plus convulsé. Tel un formidable uppercut.

Nouveau single Kepko (NUXXE)

Jenys, plaisir non coupable

Portrait de Jenys
Jenys © Olja Sabotage
Portrait de Jenys
Jenys © Daniel Makarov

Le futur de la pop sera hyperpop ou ne sera pas. La productrice, musicienne et chanteuse de 22 ans Jenys est fraîchement convertie. Lost, son nouveau morceau, a la candeur du sentiment amoureux naissant. Ses haïkus elliptiques passent à la moulinette de son laboratoire mécanique, au prisme de l’EDM dure et tranchante, pour finir dans un bain pop hyper-bubblegum, à la limite du mauvais goût ou de la bouffonnerie – mais c’est justement à cet endroit qu’il y a du plaisir – d’une manière plus codifiée que cette musique ne saurait l’admettre. L’hyperpop est née pour réconcilier le mainstream et les musiques savantes, et dissoudre (pour de bon !) les frontières entre les genres. Ces nouvelles tendances musicales sont réunies sous la bannière PCMusic, un collectif autant qu’un label fondé par le DJ-producteur A. G. Cook. Outrageusement kitch et surchargée, la pop se radicalise sous nos yeux ébahis.

Nouveau single Lost (autoproduit)

Okay Kaya, pop intello

Portrait de Okay Kaya
© Okay Kaya

La musicienne norvégio-américaine, de son vrai nom Kaya Wilkins, est un couteau suisse. Elle est aussi modèle (Off-White, Balenciaga et Marc Jacobs) et actrice (Thelma de Joachim Trier). Sous le pseudo Okay Kaya, elle écrit, conçoit et produit pour la première fois une musique expérimentale, autant physique que cérébrale, pour répondre à une vieille ambition. Cette hypersensible (c’est elle qui le dit) consacre son nouvel album à l’étude de la conscience – sous kétamine dans le premier extrait, Inside of a Plum. Ailleurs, elle se laisse aller à l’introspection la plus totale, dans l’intimité charnelle de sa chambre à coucher (In Regards to Your Tweet) ou pour régler ses comptes avec un père absent (Origin Story et son ton péremptoire, quand elle chante : « J’aimerais ne venir de personne »). Un album bivalent à la fois hanté et irrésistiblement sensuel !

Troisième album SAP (Jagjaguwar)

Mélissa Laveaux, reine IRL

Portrait de Mélissa Laveaux
Mélissa Laveaux © Adeline Rapon
Portrait de Mélissa Laveaux
Mélissa Laveaux © Adeline Rapon

Aventureuse, transgressive, émancipatoire, lumineuse, vibrante, envoûtante, langoureuse, engagée, féministe, spirituelle, habitée, métissée, punk, flamboyante. Ce sont autant de qualificatifs utilisés par elle ou par d’autres personnes à travers elle pour décrire sa musique autant que sa personnalité. La chanteuse canadienne aux racines haïtiennes, ayant acquis la nationalité française en 2019, est multiple. En tant que femme, queer, noire, d’origine haïtienne, elle rend hommage aux héroïnes oubliées de l’Histoire ou rejetées dans son dernier album, Mama Forgot Her Name Was Miracle (sorti le 11 mars dernier). La Baleine, son titre le plus personnel, fait écho à l’ouvrage Undrowned : black feminist lessons from marine mammals de la poétesse et universitaire queer et féministe noire Alexis Pauline Gumbs, qui plonge dans les profondeurs des océans pour y trouver un sens à l’existence. Mélissa a fait l’expérience en rêve. Elle en sort grandie. Puissante.

Clip La Baleine (Twanet)

Quasi Qui, planète curieuse

Portrait du duo Quasi Qui
Quasi Qui © Maxime Imbert

Derrière Quasi Qui, il y a Zadi, la sœur, et Yehan, le frère, qui s’illustrent chacun·e au chant, à la composition et à la production. Le titre de leur premier album (traduisible par « téléchargement en cours d’un nouveau système d’exploitation ») suppose un reboot. La fratrie britannique adresse un message de ras-le-bol à l’époque dans laquelle on vit et son hystérie de masse, autant qu’à elle-même, pour forcer et attiser sa créativité. Leur trip musical cosmique, qui s’ouvre sur l’impression d’un décollage vers l’espace, projette les images d’un futur à la fois dystopique et utopique, comme le Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (1997). Leur disque déborde de références : au psychédélisme pop de Tame Impala, au rock baroque de Roxy Music, ou aux montées en puissance orchestrales de la Madonna de Ray of Light (plus cheesy). Un pot-pourri labyrinthique parfaitement hypnotique.

Premier album Downloading a New Operating System (Microqlima)

Un article d’Alexandra Dumont

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