Bianca Costa, jeune et audacieuse étoile montante d’une musique hybride
Connue sur les réseaux sociaux en 2020 grâce à des covers qui ont révélé son talent, la jeune brésilienne de 24 ans décide de se jeter à corps perdu dans une carrière musicale.
Adepte de la « bossa trap », Bianca Costa embrasse l’univers du rap avec harmonie entre France et Brésil. Femme solaire et ambitieuse, elle compte bien rayonner dans le monde de la musique, en puisant son inspiration dans ses origines et ses différents lieux de vie. Elle a accepté de nous livrer son parcours avec authenticité. Rencontre.
PAUL.E : Comment décrirais-tu ton univers musical ?
Bianca Costa : C’est quelque chose que j’ai encore du mal à définir parce que je fais plein de choses. Mais, c’est un mélange entre la musique brésilienne et la musique française. Ma musique est un mix de plein d’inspirations, c’est ce que j’ai appelé la “Bossa Trap”; mais ça va au-delà de ça, il y a du baile funk, de la samba et de la drill. C’est du Bianca Costa tout simplement.
P. : Comment as tu vécu ton ascension rapide et fulgurante ?
B.C. : J’ai eu l’impression que ça s’est fait petit à petit. J’ai eu le temps de faire un certain nombre de reprises sur les réseaux. J’ai aussi fait un calendrier de l’avent où j’ai réalisé une vidéo par jour pendant tout le mois de décembre. J’ai eu le temps de bien travailler, et ça m’a permis de prendre le temps de m’améliorer, de savoir quel genre de musique j’avais envie de faire, et ce que j’avais envie de raconter.
P. : Tu évoques souvent l’amour de soi dans tes chansons, comment nourris-tu ta confiance en toi ?
B.C. : Je pense que c’est quelque chose que je développe encore. Et comme toute jeune personne qui découvre l’amour, notamment en tombant amoureuse des mauvaises personnes, j’ai fini par comprendre mes limites, ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Mais surtout, par comprendre comment je voulais être traitée. Je fais un métier où je dois me défendre, défendre mes projets, lutter pour qu’on m’écoute, pour avoir une place et ça, ça me permet de travailler sur moi-même, sur ma confiance en moi, d’être sûr de ce que je propose, et d’être sûr de ma place. C’est quelque chose qui a pris du temps, je suis passée par de nombreuses situations compliquées. Mais aujourd’hui j’ai appris à m’aimer et à imposer mes limites.
P. : Pour une passionnée de mode comme toi, que signifie ta collaboration avec Undiz ?
B.C. : C’est incroyable ! Honnêtement je suis très fière et très contente de cette collaboration. Quand on m’en a parlé, je n’y croyais pas trop. J’avais vraiment envie d’apporter mon regard sur la collection, de créer quelque chose de doux, de classe, d’aller là où on ne m’attendait pas forcément. Je trouve que la collection montre un autre visage des brésiliennes. Ça sort du côté cliché auquel on aurait pu s’attendre. Je suis heureuse que ma première collaboration se soit faite avec Undiz.
P. : Et donc, dans cette collection capsule, quelle est ta pièce préférée ?
B.C. : C’est dur. Je dirai le maillot une pièce, même si je suis plutôt deux pièces. Je trouve que les détails et le dos sont magnifiques. Le maillot une pièce orange est sublime. Il va bien à tout le monde, c’est “THE” pièce pour l’été.
P. : Pour toi qui a vécu ici et ailleurs, quelle est la plus belle plage du monde ?
B.C. : C’est dur. Je dirais soit une plage à Rio, soit une plage à Ilhabela, qui est une île de São Paulo où toutes les plages sont magnifiques. Donc je dirais Ilhabela.
P. : Quels sont les éléments de la culture brésilienne que tu souhaites montrer au monde, et dont tu veux parler au travers de ta musique ?
B.C. : Je n’ai pas envie d’avoir le poids de représenter toute une culture parce que c’est une culture qui est énorme. Le Brésil est un pays géant, il y a tellement de styles différents, de musicalités différentes, de messages à faire passer. J’aime bien embrasser les clichés qu’on a du Brésil comme le côté festif, le foot, la samba et le carnaval. Je trouve que c’est important d’embrasser ces côtés-là parce-que c’est vrai, le Brésil c’est la fête et la joie. Et petit à petit apporter d’autres choses, comme apporter la force féminine qui est très importante, notre sensibilité, la nostalgie, l’amour qu’on a pour les autres. Plein de belles choses du Brésil que j’ai envie de montrer, mais sans me mettre la pression.
P. : Comment décrirais-tu ta relation avec ta mère, toi qui lui as dédié une chanson ?
B.C. : Je pense que c’est la relation la plus importante que j’entretiens. J’ai grandi qu’avec ma maman, c’est elle qui m’a éduqué, c’est avec elle que je suis allée au Portugal puis en France. C’est mon modèle. C’est une femme que j’ai vu travaillé toute sa vie pour pouvoir m’offrir une vie meilleure, que j’ai vu ne jamais dépendre de qui que ce soit. C’est vrai que grandir avec un modèle aussi fort et inspirant, ça m’a construit. C’est ma meilleure amie, d’autant plus qu’elle m’a eu à l’âge de 16 ans. Elle m’a montré la femme que je voulais être, ce qui était parfois difficile parce que je suis un être plutôt sensible et ma mère, elle, c’est une fonceuse. Et, parfois je me disais : “ Mince, comment je vais faire pour lui ressembler”. J’ai compris que j’ai naturellement pris plein de choses d’elle, et c’est beau de mélanger ma douceur et sa force.
P. : Comment est-ce que tu crées une chanson, plutôt seule ou accompagnée ?
B.C. : J’adore créer toute seule, et j’adore créer avec des gens. Je pense que c’est très différent. Parfois, j’ai besoin de m’asseoir et d’écrire sans qu’il n’y ait personne, parce que c’est à ce moment-là que je me sens la plus libre, et où j’ai le moins peur d’être jugée. Mais j’adore être en studio avec mes producteurs, et une des seules personnes avec qui je co-écris c’est Danil, un de mes producteurs et ami qui connaît toute ma vie. Mais, je pense que la musique avant tout c’est du partage. Donc, j’adore faire des collaborations, que ce soit avec des artistes français·es et brésilien·es. Là, par exemple, je suis allée au Sénégal pour tourner un clip et j’ai eu la chance de collaborer avec deux artistes sénégalais incroyables : Samba et Bilou. J’adore cet échange qui permet d’apprendre la musicalité de quelqu’un d’autre, mais aussi de renforcer la sienne. Ces deux côtés-là sont très intéressants dans la création.
P. : En tant qu’artiste féminine, dirais-tu que la sororité existe, et qui sont tes mentors ou inspirations ?
B.C. : Je pense que ça existe mais pas tout le temps, et que ça commence à se développer. Les femmes commencent de plus en plus à prendre contact entre elles, à s’envoyer de la force dans le rap entre autres. Je le vois avec Leys par exemple, et avec les filles avec qui j’ai pu collaborer dans AHOO, mais aussi dans la pop, avec des artistes comme Jeannine et Angèle. En France, je dirai qu’Angèle est un bel exemple de sororité, qui m’a permis de faire six premières parties, qui m’a cité dans Vogue, qui a partagé mes chansons et qui m’a même envoyé un message pour me dire : “Je kiffe ce que tu fais”. C’est vrai, quand il y a quelqu’un comme Angèle qui a “tout niqué dans le game” et qui t’envoie ce genre de messages, tu te dis que oui la sororité ça existe vraiment, et ça fait du bien !
P. : Un.e artiste avec qui tu aimerais collaborer dans le futur ?
B.C. : Je dirais Aya Nakamura parce que je pense que musicalement ça serait un hit de l’été !
P. : Ressens-tu la pression de diffuser une image “parfaite” ? Quels seraient tes conseils pour cette jeune génération dans son rapport à l’image ?
B.C. : J’apprends un peu tous les jours. comme pour les relations amoureuses, j’apprends à connaître mes limites, ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Je pense qu’il faut faire ce qui te fasse plaisir. Si tu as envie de mettre un filtre parce tu n’as pas envie de te prendre la tête, mets-le. Si tu n’as pas envie de faire de stories, n’en fait pas. L’important c’est de se sentir libre, et de ne laisser personne te dire comment tu dois te présenter sur les réseaux. Et moi, ça me fait beaucoup de bien de ne pas écouter ce qu’on me dit et ce qu’on me demande mais juste d’être moi-même. Si j’ai envie de me filmer avec un petit papillon sur le nez je le fais, si j’ai envie de me montrer démaquillée parce-que je me sens bien, et que ça me fait du bien, je le fais. Si j’ai envie de me montrer que quand je me trouve belle, je le fais. Il faut s’écouter car on ne doit rien à personne.
P. : Un conseil pour faire “un carré” parfait ?
B.C. : (Rires) Pour faire le quadradinho parfait, comme je le dis à chaque fois, parce que beaucoup de personnes me disent : “ Je n’ai pas de fesses, je ne sais pas bouger mes fesses”. Tout est dans les hanches, les genoux, et surtout avoir un bon mouvement de genoux. Tu lèves, tu descends, tu lèves et tu descends et tu as le carré. Petites fesses, grosses fesses, ça va bouger ! Ne vous inquiétez pas.
P. : Qu’est-ce-que tu nous réserves pour les mois à venir ?
B.C. : Je viens de sortir mon tout dernier single “Olé Olé” avec un clip magnifique tourné au Sénégal. Et pour la rentrée, on peut s’attendre à un petit album préparé avec beaucoup d’amour. Je ne sais pas encore quand l’album sortira mais ça arrive avant la fin de l’année.
P. : Un conseil pour toutes les personnes qui souhaiteraient faire de leur passion un métier, mais ne savent pas par où commencer ?
B.C. : Le principal est de savoir où vous voulez allez. Donc, n’hésitez pas à prendre le temps de réfléchir à votre identité, à ce que vous avez envie de raconter. Quel est le public que vous avez envie de toucher ? C’est vrai que j’ai vu beaucoup de personnes se lancer dans la musique sans forcément savoir qu’iels étaient et ce qu’iels avaient à proposer. On ne peut pas se cacher qu’aujourd’hui il y a énormément de personnes qui font de la musique, il y a des gens très talentueux. Donc, réfléchissez à qui vous voulez être, quels messages vous avez envie de faire passer et pourquoi vous voulez faire ça. Je pense que lorsque vous aurez répondu à toutes ces questions, la manière dont vous allez travailler sera beaucoup plus claire, et ça ira tout droit.
P. : Merci Bianca Costa !
Article de PK Douglas et Lily-Rose Rueda.