ALKA BALBIR : « IL FAUT BIEN UN AVANTAGE À PRENDRE DE L’ÂGE. »

Crédits : ELODIE DAGUIN

Cet été, Alka Balbir dévoilait le single Mon Mec et son clip, en duo avec Philippe Katerine. Une histoire d’amour crasse avec un bellâtre lâche. En 2013, Benjamin Biolay lui écrivait son premier album Première fois. Comédienne avant d’être chanteuse, Alka vit plusieurs vies. Elle fera sa rentrée au théâtre ce soir dans La Vraie Vie de Fabrice Roger-Lacan et on la verra prochainement au cinéma dans La Rupture de Philippe Barassat.

 
Alka croque la vie sans mensonge ni complexe. La jeune comédienne et chanteuse a la naïveté et l’innocence d’une petite fille, mais derrière son large sourire espiègle se cache l’envie d’en découdre et de continuer à faire tout ce qu’elle veut tant que l’émotion est vraie. Elle se pince les lèvres et admet : « Je recherche toujours la vérité dans tout ce que je fais. Pour sentir les choses, je goûte aux extrêmes. Je suis une hystérique mélancolique. On s’éclate avec moi (Rires), mais quand ça ne va pas, il faut avoir les épaules. » Elle passe du rire aux larmes, rêve de belles histoires d’amour et sait taper du pied. Dans son nouveau single, elle envoie balader celui qui ne la traite pas comme une reine !


Son mec, c’est Philippe Katerine dans le clip du morceau réalisé par Benoît Forgeard, metteur en scène du film Gaz de France,qui a provoqué la rencontre du duo. Une histoire d’amitié qui dure. « Je voulais un chanteur capable de se moquer de lui avec élégance et drôlerie. Ça ne pouvait être que lui, assure-t-elle. Je crois qu’il aime bien se faire maltraiter par les femmes (Sourire). » Dans sa relation à l’autre, Alka aime que ce soit frontal : « J’aime les garçons solides, qui résistent à mon caractère et à ce que je peux leur faire endurer. C’est un enfer quoi (Rires) ! » Si on l’avait quittée amoureuse blessée sur son premier album, l’artiste semble avoir repris le pouvoir sur le gente masculine. Et même si les ruptures font toujours le sel de ses compositions, le champ lexical employé a changé « Je ne contredis pas l’adage « il n’y pas d’amour heureux ». Mais je le fais avec plus d’ironie et de fantaisie. » Elle met ça sur le compte de l’âge. « J’ai 32 ans. À 21 ans, je subissais l’amour. Plus maintenant. »



(ANTI)MUSE CONTEMPORAINE
C’est donc la trentaine passée et assumée qu’elle décide pour la première fois de chanter ses mots. Philippe Katerine n’est qu’un invité sur ce titre et c’est important de le préciser dans un monde où l’on cherche toujours le garçon derrière celle qui tient le micro. « Autant j’ai été la muse de Biolay, autant pour cette chanson Philippe Katerine a été ma muse. J’ai inversé les rôles. » Il y a trois ans, elle s’échappe dans le sud-ouest de la France pour soigner une rupture. « Chaque fois que je commence un album, ça va mal », s’amuse-t-elle. Autre coup dur, sa maison de disques dépose le bilan. La voilà indépendante, mais c’est à moitié un choix. Sans activité, elle dépense tout son argent d’intermittente. Lassée de cette vie de bohème, elle postule pour un petit boulot, en bas de l’échelle. « Dans le travail, comme en amour, je peux vite perdre le désir, explique-t-elle. Je dois retourner dans la galère pour retrouver la passion de ce métier. »

Elle écrit une dizaine de chansons, composées avec la complicité de Jean-Philippe Heurteaut, pianiste d’Edouard Baer et compagnon de troupe. « Petite, j’ai fait du piano pendant six ans, mais je suis incapable d’en jouer, c’est malheureux. » Elle l’avoue, l’écriture n’est pas son premier talent mais elle est fière du résultat. « C’est incroyable ce qu’on ressent à ce moment-là, s’étonne-t-elle. J’ai passé mon permis au même moment et c’est la même chose. Ne pas se laisser conduire mais tenir le volant. C’est la liberté. » Baer a été le premier à se rendre compte de son talent quand elle ne le soupçonnait même pas. Témoin des événements importants de sa vie, il a aussi joué un rôle dans sa construction artistique et son émancipation récente. Elle rougit. « Le fait qu’il soit fasciné par moi quand je chante, c’est réconfortant. Sur scène, il trouve que je dégage une forme de colère. »


 
LA VIE DEVANT ELLE
L’année dernière, elle est montée sur les planches sous la direction d’un nouveau metteur en scène pour la première fois en dix ans. Hélène Médigue lui a confié le rôle de Rain dans une adaptation de Maris et femmes de Woody Allen. « J’ai beaucoup pensé à lui », se souvient-elle, comme si elle cherchait encore son approbation. « C’est quelqu’un à qui je veux plaire et pour toujours. Un père de substitution. » Ils sont plusieurs à tenir ce rôle. Il y a aussi Benjamin Biolay et son meilleur ami David Blot, animateur sur Radio Nova (« Le Nova Club »). « J’ai besoin d’être poussée par des gens qui croient en moi. » Pétrie de doutes, elle a mis du temps pour prendre confiance en sa voix et sa plume. « Je n’ai pas une voix incroyable, je le sais. Et même si j’ai toujours écrit, je trouvais ça nul. J’avais peur que les gens éclatent de rire. » Pourtant, il y a beaucoup de sensualité dans ce souffle court. Une mélancolie aussi, qu’elle n’explique pas mais qu’elle a hérité d’une certaine Françoise Hardy : « J’écoutais ses disques quand toute ma classe préférait Michael Jackson. » Elle murmure plus qu’elle ne chante, « un subterfuge que j’ai trouvé à force de casser les oreilles de ma mère et de ma sœur. »

C’est à sa mère qu’elle doit son goût de la scène et des paillettes. Elle a eu une courte carrière de chanteuse dans les années 70 et sorti un 45T sous le nom de Mauve. « Elle a aussi fait de la danse, des claquettes… À la maison, on écoutait les 45T de ses copines artistes et ses histoires à elle quand elle faisait des spectacles… Elle a baissé la garde trop vite. Moi, je n’abandonnerai pas. » Comédienne, actrice et chanteuse, Alka joue sur tous les tableaux, guidée par son amour de la scène et de la représentation. Elle donne ses premiers spectacles debout sur la table du salon, mais refuse qu’on la prenne pour une originale. « Tous les enfants font ce genre de choses, répond-t-elle. Ce qui est exceptionnel, c’est de vouloir continuer à faire de sa vie un spectacle sur la table du salon. » Ses efforts sont payants. Elle sera omniprésente cette saison. Au théâtre d’abord dans son « rôle le plus intense », avec Guillaume de Tonquédec et Léa Drucker. Puis tête d’affiche au cinéma dans La Rupture de Philippe Barassat (un diptyque qui raconte une histoire d’amour hétéro et homosexuelle, avec Jean-Christophe Bouvet et Béatrice de Staël). En attendant la sortie annoncée de son deuxième album.

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Au Théâtre Edouard VII ce soir et jusqu’au 6 janvier 2018 dans La Vraie Vie de Fabrice Roger-Lacan, mise en scène Bernard Murat.

 
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