L’Islande, le pays de glace et de feu

Petit État insulaire, l’Islande incarne la nature à l’état pur. Littéralement « pays de glace », c’est en fait la terre de tous les contrastes : volcans, glaciers, sable noir et montagnes turquoise, on y croise de tout.

Hverir @Marion Lefeuvre
Hverir @Marion Lefeuvre

Marqué par le volcanisme, le relief de l’île est relativement élevé en son centre, les Hautes Terres, qui sont désertiques et plutôt hostiles. L’essentiel se trouve sur le pourtour de l’île, accessible par la Route circulaire, ou Route 1 – la route principale qui fait le tour et passe par (presque) toutes les villes et tous les villages importants du pays.

À environ 3 h 30 de Paris en avion, l’île est très bien desservie par la compagnie Icelandair, qui se démarque tout particulièrement par un détail très poétique: les lumières des cabines qui simulent des aurores boréales ! Une douce expérience pour se préparer à découvrir l’incroyable beauté et la force qui se dégagent de la nature islandaise.

Myvatn @Benjamin Minel
Myvatn @Benjamin Minel
Vik Myrdal @Marion Lefeuvre
Vik Myrdal @Marion Lefeuvre

Un road trip islandais peut se faire dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens antihoraire, c’est vous qui voyez. Cela dit, le sens antihoraire depuis l’aéroport de Keflavik est souvent le chemin préconisé (vers l’est, puis vers le sud), car il permet de voir rapidement cascades et autres glaciers.

On the road again

Début des festivités ? Au Cercle d’or, avec Strokkur, le geyser le plus actif d’Islande. Il produit une éruption toutes les trois à huit minutes et son jet d’eau peut atteindre vingt mètres — et faire accessoirement office de douche à touristes avec le vent. À une dizaine de kilomètres se trouve Gullfoss, aka la «chute d’or». L’histoire veut qu’en 1920, la fille du propriétaire de la cascade, Sigrídur Tómasdóttir, consacrât sa vie à la défense de cette cascade. Elle marcha pieds nus à plusieurs reprises jusqu’à Reykjavik en signe de protestation à la vente de cette cascade pour un projet électrique. On peut voir aujourd’hui son portrait gravé dans une pierre à côté de la cascade. Finalement, le Cercle d’or est un peu un package cascades/geysers/parc, un condensé d’Islande dans un petit rayon autour de la capitale. Verdict: c’est naturellement l’endroit le plus touristique. Direction le sud désormais, avec un premier arrêt à Seljalandsfoss. Encore une chute d’eau, mais celle-ci a une petite particularité : on peut passer derrière ! On ne va pas se mentir, ça mouille et ça glisse, mais ça vaut le coup — on apprend d’ailleurs assez vite en Islande que tout se mérite. Il faut ensuite pousser à quelques centaines de mètres de là pour découvrir une «petite» cascade, cachée et peu connue : Gljúfurárfoss. Après s’être faufilé entre les roches étroites et avoir franchi le cours d’eau (qui monte parfois jusqu’aux mollets, vous êtes prévenus), on se retrouve à l’intérieur de la grotte, face à sa puissante cascade. L’atmosphère y est assez étrange, et le bruit assourdissant à cause de la forte proximité de l’eau.

Maintenant qu’on est bien trempé, autant filer par la Route 1 jusqu’à la chute d’eau suivante, située à Skógafoss — soit une trentaine de kilomètres plus loin. Un escalier en bois de 527 marches, menant au sommet de la cascade, vous attend. Bon à savoir : l’excursion peut se prolonger via un chemin de randonnée qui monte jusqu’entre les glaciers Eyjafjallajökull et Mýrdalsjökull ! Par temps clair, la vue sur les langues glaciaires est vraiment impressionnante. Même s’il n’y a pas que des chutes d’eau en Islande, celles-ci ponctuent régulièrement le voyage, et l’arrêt en vaut largement la peine.

Avant de reprendre la route pour descendre plus au sud, une dernière halte est préconisée pour profiter de votre tout premier bain chaud. Effectivement, de nombreuses sources chaudes sont présentes sur l’île ; certaines sont aménagées et payantes, comme celles du Blue Lagoon, et d’autres sont dans des endroits plutôt improbables, comme la piscine cachée de Seljavallalaug. Il s’agit d’une véritable piscine construite dans les années 1920 par des habitants de Vík! Elle se trouve à flanc de montagne, tout près du célèbre Eyjafjallajökull, mais un peu à l’écart de la Route 1. Du parking, il faut marcher une vingtaine de minutes dans les montagnes pour y arriver. Aussi vrai que l’on rencontre les quatre saisons de l’année en une seule journée en Islande, le paysage peut changer radicalement en l’espace de quelques kilomètres, en allant vers le sud, notamment. Faites donc un petit tour sur la plage nommée Sólheimasandur, où gît la carcasse d’un avion de l’US Navy qui s’est écrasé ici en 1973 suite à une panne de carburant. La visite est moins glauque quand on sait que le crash n’a fait aucune victime. Il faut parcourir quelques kilomètres après Skógar avant de trouver un parking sur le bord de la route. Attention, l’épave n’étant pas considérée comme une «attraction officielle», aucun panneau n’indique le lieu. Une fois garé, il faut marcher entre vingt et trente minutes pour trouver l’avion laissé là, au milieu du sable noir. De là, la vue sur les montagnes et le glacier Sólheimajökull est assez sympa.

Route pres Skaftafell @Benjamin Minel
Route pres Skaftafell @Benjamin Minel
Skogafoss @Benjamin Minel
Skogafoss @Benjamin Minel

Avant d’atteindre la petite ville de Vík, arrêtez-vous à Dyrhólaey pour vous délecter de sa minipéninsule et de ses grandes falaises. C’est une réserve naturelle protégée et un paradis pour les macareux qui viennent s’y reproduire entre mai et août. Impossible de descendre sur les plages ici: les vagues s’écrasent directement contre les falaises. Pour les plages, c’est à Vík í Mýrdal qu’il faut se rendre. Cette ville a malheureusement triste réputation: c’est la plus pluvieuse d’Islande ! On trouve sur la plage de Reynisfjara (rendue célèbre par Games of Thrones) une spectaculaire pyramide de colonnes de basalte. Cette plage unique peut toutefois s’avérer très dangereuse à cause des puissantes et violentes vagues qui embarquent tout sur leur passage. Avant de quitter Vík, ne pas oublier de faire un petit arrêt en hauteur, au niveau de l’église rouge qui domine la ville et ses plages. Le voyage continue — toujours sur la Route 1 —, vers l’est cette fois. Direction le Parc national de Skaftafell et ses glaciers ! Il fait partie du Parc Vatnajökull, du nom du glacier que l’on y trouve et qui est la plus grande calotte glaciaire d’Islande. Au pied de la montagne, plusieurs organismes proposent des excursions de groupe, encadrées et payantes, sur le glacier. Autre alternative, partir en randonnée solo dans le parc : il y en a pour tous les niveaux et toutes les durées.

Pas de panique, les chemins sont balisés et il est impossible de s’y perdre. L’une des randonnées les plus célèbres mène à la cascade de Svartifoss, qui jaillit au centre d’une formation d’orgues basaltiques. De là, en continuant à monter, un chemin permet d’arriver jusqu’à la langue glaciaire du Skaftafellsjökull et sa vue panoramique sur le parc. Si vous tendez l’oreille, vous entendrez très certainement la glace se fendre et verrez des icebergs se détacher. Au sud du Vatnajökull, arrêt obligatoire au lac de Jökulsárlón dans lequel dérivent les blocs de glace qui se détachent du glacier. D’un côté de la route, le lac, ses icebergs turquoise et ses phoques ; de l’autre, une plage de sable noir surnommée Diamond Beach et ses blocs de glace, comme échoués, tout blancs, voire transparents. Dirigeons-nous maintenant vers les fjords de l’est. Les fjords sont des bras de mer formés par une langue glaciaire. Ils sont le plus souvent rattachés à une montagne, et ce sont des zones dans lesquelles se trouvent d’importantes sources d’eau. Les reliefs sont ici plus jeunes que ceux de l’ouest, et il existe de nombreux sentiers de randonnées, comme celui allant de Borgarfjördur eystri (qui signifie «fjord de la ville de l’est») à Lodmundarfjördur, en n’oubliant pas de passer par Stórurd, bien que situé un peu à l’écart de la Route 1. La Route circulaire longe les côtes et passe par ces petits villages dans lesquels on peut s’arrêter au gré. Comme à Fáskrúdsfjördur par exemple, un village ayant accueilli de nombreux marins français au XIXe siècle, avec pour preuve les noms des rues indiquées en français sur les panneaux.

Jîkuls†rl¢n @Benjamin Minel
Jîkuls†rl¢n @Benjamin Minel
Avion @Benjamin Minel
Avion @Benjamin Minel

Rejoignez à présent Mývatn, un peu plus au nord de l’île dans les environs du volcan Krafla, l’un des seuls endroits habités des Hautes Terres ! Changement d’ambiance. Il fait ici plus froid et il n’est pas rare d’y voir beaucoup de neige dès le début du mois de septembre. Et comme les chutes d’eau commençaient à manquer, un arrêt s’impose à Dettifoss, cascade de plus de quarante mètres de haut, considérée comme la plus puissante d’Europe. L’eau coule sur du basalte, ce qui la rend très grise, et une brume épaisse enveloppe les environs. Il y a un accès de chaque côté de la cascade, mais attention à bien choisir à l’avance le côté par lequel vous souhaitez voir la cascade : le passage d’une rive à l’autre se fait par la route et il faut compter une heure de piste pour passer sur la rive opposée.

Une fois dans la zone du lac de Mývatn, en route vers les bains chauds (en plein air), réputés moins chers et moins touristiques que ceux du célèbre Blue Lagoon! Séché, filez découvrir la ville, elle regorge de sites naturels divers et variés. La géothermie y est très importante, il n’est donc pas rare de voir d’épaisses fumées s’élever au loin. Les sites de Námafjall et Hverir sont reconnaissables à leurs variations de terres jaunes, orange et ocres, mais aussi parce que le soufre (aka l’odeur d’œuf pourri) qui émane de ces sites se sent à plusieurs kilomètres à la ronde… Hverir (ou la «porte de l’enfer») est un champ volcanique et géothermique. Ça fume et ça bouillonne de partout, et les couleurs sont hallucinantes, du beige au bleu gris. Un peu plus loin dans Mývatn se trouve le cratère de Viti, résultat de formations de lave, autour duquel on peut se balader. Bien que «Viti» signifie «enfer», le paysage n’en donne clairement pas l’impression: au centre, l’eau y est froide et turquoise !

Autre ascension de cratère possible : Hverfall, qui domine la rive est du lac de Mývatn. La montée est rude, mais ça vaut le coup — une fois n’est pas coutume en Islande. Dernier arrêt aux grottes de Grjótagjá, qui abritent des bains chauds. Malheureusement, la baignade y est aujourd’hui interdite, car l’eau est devenue beaucoup trop chaude, frôlant les 70 °C! À présent, cap vers le nord, à une heure de Mývatn, et plus précisément à Húsavík, capitale européenne de l’observation des baleines. Húsavík a été l’un des premiers ports à arrêter de les massacrer et s’est reconverti dans leur observation. Ce qui tombe plutôt bien, vu que le port fait face aux glaciers près desquels elles viennent se nourrir à la fonte des glaces. Plusieurs excursions sont organisées pour partir en mer sur une demi-journée et ainsi observer les cétacés. Puis, pour changer un peu des randonnées et s’adonner à des excursions plus citadines, le musée de la Baleine se situe sur le port.

Allez, retour sur la Route 1, direction la deuxième plus grande ville d’Islande : Akureyri. C’est la ville de la mignonnerie par excellence, et pas seulement à cause des feux de signalisation en forme de cœur ! Les maisons sont colorées et le centre-ville animé tranche avec la solitude des randonnées, grâce à ses nombreux bars et restaurants. Une grande église surplombe la ville et une interminable volée de marches — à faire pâlir Rocky! – conduit à l’édifice. À la sortie de la ville, Jólahúsid, la maison de Noël aux allures de maison en pain d’épices, ouvre ses portes aux visiteurs, peu importe la saison.

Strokkur @Benjamin Minel
Strokkur @Benjamin Minel

La dernière grosse partie du road trip rallie Akureyri à Reykjavik. L’occasion de faire escale dans les fjords de l’ouest. Plusieurs arrêts, d’abord à Blönduós, petite ville située près d’une rivière glaciale, le Blanda. On y trouve le canyon Kolugljúfur et ses nombreuses cascades. Non loin de là, à proximité du littoral, on découvre le Hvítserkur, un bloc de basalte de quinze mètres de haut qui doit sa forme à l’érosion. C’est aussi un point de vue intéressant pour observer les phoques islandais ! Puis, à soixante-quinze kilomètres de Reykjavik, Borgarnes et son Parc de Skallagrímsgaróur offrent la possibilité de randonner à Einkunnir. Vous pourrez également grimper en haut de la montagne Hafnarfjall ou sur le cratère volcanique Grábrók, formé par une éruption il y a presque 3000 ans. Au sommet, une vue à couper le souffle sur la vallée de Nordurardalur. Les fjords sont nombreux dans la région, mais gros coup de cœur pour le Hvalfjördur («fjord de la baleine») et le Borgarfjördur («fjord de la forteresse»), situés au nord de Reykjavik.

Dernière escale du séjour : Reykjavik même, la capitale. La plus grande ville du pays n’est pas très étendue, mais regorge de bons plans. Les nombreux bars et restaurants de la rue principale sont toujours très animés et les occasions de faire la fête ne manquent jamais. Bien que le centre de la ville ressemble de plus en plus à une attraction touristique, il reste encore quelques petites pépites à y découvrir, comme l’opéra de Reykjavik, le jardin de sculptures Einar Jónsson, mais aussi beaucoup de street art et quelques petites boutiques de mode ou de musique.

Bien sûr, la liste des choses à voir n’est pas exhaustive ! Les fjords de l’ouest, par exemple, mériteraient un voyage à eux seuls ! Mais pour un premier séjour en Islande, nous pensons que ce road trip est un bon compromis entre le mélange des paysages extrêmes et des lieux plus faciles d’accès.

Diamond Beach @Benjamin Minel
Diamond Beach @Benjamin Minel

Où poser son sac à dos ?

Au Fosshotel Glacier Lagoon, chic et design, perdu dans la plaine entre Skaftafell et Jökulsárlón. Le soir, après avoir crapahuté toute la journée, prélassez-vous au bar, armé de l’un de leurs excellents cocktails.

Si vous êtes du côté de Vík, sur la Route 1: l’hôtel Kría, sans hésitation. Le coup de cœur est total pour les petits-déj et les chambres aux grandes baies vitrées. Si vous êtes plutôt team auberge de jeunesse et que vous êtes près de Keflavik, testez le Base Hotel. Vous nous en direz des nouvelles ! Les chambres sont spacieuses, l’ambiance est au top. Bravo pour la sélection de bières ! Parfait si vous partez tôt pour prendre l’avion, ou si vous arrivez tard. Enfin, pour les plus aventuriers, il reste toujours le camping, l’option la plus économique et la plus «communion avec la nature». De moins en moins d’endroits autorisent le camping sauvage, il est recommandé de s’installer dans de vrais campings (même si certains sont si peu aménagés que vous aurez tout de même l’impression de vivre comme aux premiers temps de l’Homme). Pas la peine de réserver votre emplacement: même dans les plus fréquentés, on finit toujours par trouver un coin où planter sa tente.

Myvatn @Marion Lefeuvre
Myvatn @Marion Lefeuvre
Dyrholaey @Benjamin Minel
Dyrholaey @Benjamin Minel

Pour un tourisme responsable et durable

Après la crise économique de 2012, le pays s’est ouvert au tourisme afin de rebondir. Tourisme qui ne fait que croître. Il est alors d’autant plus important de respecter certaines règles pour préserver le capital naturel de l’Islande, en adoptant notamment certaines pratiques. La plus basique : ne pas jeter ses déchets n’importe où, mais aussi et surtout ne pas céder au off-road — quand les voyageurs marchent dans la mousse qui recouvre les plaines. Ou pire, quand ils l’arrachent. Eh oui, la mousse met jusqu’à 150 ans à repousser ! Non seulement le off-road a des conséquences terribles sur l’environnement, mais il est également très dangereux puisque le terrain n’est pas du tout adapté.

Pour sensibiliser avec originalité les touristes et ainsi éviter la destruction de la nature islandaise, la structure Promote Iceland a mis en place une opération: le «serment islandais» (à signer en ligne, sur inspiredbyiceland.com), qui valorise la démarche durable de l’Islande. En signant ce serment, le voyageur s’engage, entre autres, à être un touriste responsable, à ne pas sortir des sentiers autorisés ou encore à ne pas mettre sa vie en danger juste pour prendre une photo. À l’origine digitale, cette opération a fini par se matérialiser à l’aéroport international de Keflavik, où les voyageurs sont invités à presser un bouton pour s’engager ! Une nouvelle campagne est disponible, et met cette fois à l’honneur les richesses du pays à travers les témoignages de neuf Islandais.

Soyons responsables ! Car vraiment, l’Islande est une île pleine de chemins fantastiques qui se doivent d’être respectés, préservés, chouchoutés afin de permettre à tous de les découvrir. Ainsi, vous imaginez bien que les habitant·es partageront avec vous leurs petits secrets bien gardés…

Viti Crater @Benjamin Minel
Viti Crater @Benjamin Minel

inspiredbyiceland.com

Article de Marion Lefeuvre

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