C’EST L’AMOUR FOOD 4 : LES AMOUREUX DU BRUTOS

Photo : Sabin Malisevschi

 

Ils ont seulement 28 et 30 ans, mais semblent être mariés depuis quinze ans. Dans le bon sens du terme, celui qui vous apporte maturité et sagesse. Quand l’un parle, l’autre finit sa phrase. Depuis janvier 2017, les deux Brésiliens rayonnent dans leur restaurant du XIe arrondissement de Paris. Ils y servent une cuisine aux saveurs franches, axée autour du barbecue.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Ninon : J’avais 19 ans, je passais la soirée dans un bar et Lucas m’a renversé de la bière dessus. Et aujourd’hui, nous sommes mariés ! À cette époque, nous vivions tous les deux dans le sud du Brésil. Je suis née en France, mais à l’âge d’un an, je suis partie vivre en Amérique du Sud avec ma mère. Nous sommes arrivés ici, en France, tous les deux, il y a huit ans maintenant. Nous avons d’abord vécu quelques mois chez mon père à Aix-en-Provence, puis au bout de sept mois, il nous a mis à la porte et nous sommes montés à Paris.


Êtes-vous venus en France avec le dessein d’ouvrir un restaurant ?

Lucas : Pas du tout. Au début, nous ne devions rester en France que trois mois pour que Ninon rencontre son père. Puis très vite, pour des raisons administratives, j’ai fait un bilan de compétences et je me suis retrouvé en formation cuisine. Quand nous sommes venus à Paris, j’ai poursuivi dans cette voie et je me suis inscrit à l’école Le Cordon Bleu. Ensuite, j’ai intégré différentes brigades.

Ninon : À cette époque, je ne travaillais pas du tout dans la restauration. Je faisais des études d’archi. J’ai toujours eu envie de cuisiner, mais je n’avais jamais sauté le pas. Un jour, pendant les vacances scolaires, j’ai suivi un cursus en pâtisserie et je ne suis plus jamais retournée en école d’archi…


Comment vous est venue l’idée d’ouvrir Brutos ?

Ninon : Ma mère nous a rendu visite à Paris.Elle avait glissé dans sa valise un petit barbecue. Nous venons d’une région appelée La Pampa au Brésil, où l’on cuisine beaucoup avec cet ustensile. On a commencé à faire des barbecues sur la terrasse de notre appartement parisien, et l’idée de Brutos a mûri.

Lucas : J’ai toujours aimé recevoir. Un restaurant, ce n’est pas seulement cuisiner pour quelqu’un, c’est l’inviter chez soi. Nous pensions rentrer au Brésil pour ouvrir un resto là-bas. C’est mon ami Nico (Nicolas Alary, le propriétaire du restaurant Holybelly que l’on a également interviewé, ndlr) qui m’a convaincu qu’il n’y avait pas besoin d’être millionnaire pour ouvrir un établissement parisien. Nous avons entamé nos recherches en 2015 et ouvert Brutos le 3 janvier 2017, ça a été très laborieux. Pierre Jancou, l’ancien propriétaire du restaurant Achille, nous a beaucoup soutenus et aidés dans les démarches administratives. J’aime dire qu’il a été notre parrain.


Au quotidien, qui est le boss ?

Ninon : C’est lui (Rires) ! Il a les fameux 51 % du capital. Lucas est le chef des cuisines. Moi, désormais, je m’occupe de la salle.


N’avez-vous jamais eu peur de mettre votre couple en danger ?

Ninon : Nous avons toujours tout fait tous les deux, il n’était pas question que ça change avec le restaurant. Bien sûr que l’on s’engueule beaucoup et que tout n’est pas simple. Surtout qu’avec le temps, on devient pareil, il faut faire attention de ne pas se tirer vers le bas.

Lucas : En un an de restaurant, j’ai l’impression que l’on a connu plus de galères que certains couples après vingt ans de mariage. Le contrôle fiscal avant l’ouverture, les problèmes d’argent, de personnel, on a tout eu ! Mais tout ça vient surtout consolider notre couple. Je crois qu’après ça, élever un enfant, va se révéler plutôt simple.


Brutos, 5 rue du Général-Renault, 75011 Paris, 01 48 06 98 97

> Article de Jill Cousin

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