SELF-CARE VS CONFINEMENT, LE MATCH DU MOMENT
Prendre soin de soi, c’est important. Mais surtout sans se mettre la pression.

Alors que tout le monde garde un oeil sur le dernier rouleau de papier toilette, je m’inquiète plutôt pour mes crèmes. Et là, c’est marée basse. J’ai déjà mis de l’eau dans mon shampoing, raclé le fond de mon hydratant pour le visage, et même mon déodorant semble décidé à se faire la malle.
Est-ce qu’acheter de l’huile pour les cheveux est une raison suffisante pour sortir ? Non, ok. Mais comment je vais faire pour prendre soin de moi ? Et mon self-care alors ? Car oui, si tu as la chance comme moi de pouvoir rester chez toi, le confinement est peut-être devenu un dimanche de cocooning sans fin. En particulier si tu coches les cases sans enfants et chômage technique.
Sur les réseaux sociaux et dans les magazines, tout le monde a ses 10 conseils pour prendre soin de soi entre quatre murs. Dans la “to do list” du self-care spéciale épidémie mondiale on trouve le yoga, la méditation, très bien, mais aussi un petit bain mousseux, un gommage, une sieste réparatrice… Sans oublier des trucs chelous comme le “skin fitness” ou une séance de biokinergie.
C’est sûr, tout ça fait du bien par où ça passe. Et qui n’a pas reçu ou envoyé un petit “prends soin de toi” par message ? Pour moi, c’est même devenu un réflexe. Mais attention à ne pas transformer cette petite expression bienveillante en injonction à “bien profiter” de son isolement social.
Car le confinement ce n’est pas des vacances à Ibiza les pieds dans le sable, un affreux mojito pêche à la main. Financièrement et logistiquement, déjà, tout le monde ne peut pas se permettre de prendre du temps pour soi. Et psychologiquement, c’est loin d’être aussi simple. L’enfermement et la solitude peuvent être des facteurs aggravants pour la santé mentale, déjà très affectée par l’angoisse de la maladie.
Le self-care c’est beaucoup plus que se faire un masque et poster un selfie. C’est équilibrer ses émotions, c’est ouvrir ses chakras, c’est être indulgente avec soi-même, c’est apprendre à dire non, à se détacher du jugement des autres. C’est relire la poétesse et essayiste afro-américaine Audre Lorde, qui a pensé ce concept comme éminemment politique et féministe, alors qu’elle se battait contre un cancer.
Se chouchouter le corps et l’esprit c’est donc aussi se laisser le temps de ne rien faire de spécial. Tu as le droit de refuser un “Skypéro”. Tu as le droit de désactiver tes notifications. Tu as le droit de passer des heures sur TikTok. Tu as le droit de dévorer une tablette de chocolat. Tu as le droit de remater les 10 saisons de Friends pour la millième fois.
Tout est permis, tant que tu restes tranquillement chez toi. Pour résumer, comme disait Sophie Favier à la fin des programmes qu’elle présentait (oui j’ai des bonnes références culturelles), sois sage, mais pas trop.
Article de Bruna Fernandez