POURQUOI PASSER DU TEMPS SOLO EST ESSENTIEL POUR CAJOLER SON SELF-LOVE

Petite ode à notre solitude désirée. Parce qu’être seul.e est, parfois, ce qui peut nous arriver de mieux.

Il y a peu de temps, une chaîne britannique de restauration pas chère a eu l’idée courageuse – quoique étonnante – de lancer un resto éphémère insolite pour la Saint-Valentin. Un lieu niché dans l’Est de Londres, à deux pas d’Old Street, où l’on viendrait seul.e pour manger en face de son reflet dans un miroir tagué de citations inspirantes. Au menu, des plats au poulet ou végans, une playlist motivante et des prix qui battent toute concurrence. L’équation semble alléchante (si tant est qu’on aime avoir l’impression de bouffer chez le coiffeur). Oui mais voilà, plutôt que la curiosité, c’est l’angoisse qui s’installe quand on se projette dans la salle.

Crédit : Tastecard

Garanti sans filtre

On se voit déjà en train d’engloutir la moitié du chicken burger avec vue plongeante sur nos amygdales et notre manque évident de bonnes manières (qui a dit qu’on ne sauçait pas les plats ?). On s’imagine reluquer nos points noirs et repérer les quelques poils d’un duvet qu’on souhaiterait voir disparaître aussi vite que le règne des Sussex – mais qui semble bien confortable aux coins de notre bouche. Surtout, on se demande ce qu’on pourrait bien foutre à manger solo autre part que dans notre canapé/lit/bureau avec une série pour nous divertir. On dit qu’il vaut mieux être seul.e que mal accompagné.e, mais rares sont celles et ceux qui appliquent l’adage en public sans suer en pensant au regard que les autres, forcément bien entourés, dirigeraient sur leur petite personne isolée.

Seulement savoir passer du temps avec soi-même – et de surcroît l’apprécier – est essentiel. Faire une pause pour s’extirper un peu de la frénésie qui nous entoure, et s’autoriser une soirée à ne rien faire d’autre qu’une plâtrée de ravioli ricotta-épinards devant une mauvaise série policière (la saison 5 de Castle, par exemple), contribue largement à notre bien-être.

Car c’est justement pendant ces moments privilégiés avec soi-même, ces instants qu’on croit presque inutiles parce que rien ne se passe vraiment, qu’on construit petit à petit une chose inestimable : apprendre à se suffire. C’est lorsqu’on se retrouve en tête-à-tête avec sa propre personne qu’on gagne en maturité, en sagesse, qu’on finit par ne plus avoir de boule au ventre quand on attend, seul.e, à la terrasse d’un café. Petit à petit, on se rend compte qu’être livré.e à ses propres pensées, sans aucune autre distraction que les conversations lointaines des couples et des groupes autour de nous, nous permet de mieux savoir qui l’on est. De comprendre ce qui nous blesse, ce qui nous fascine, ce qui nous anime. D’analyser nos réactions, nos envies, nos craintes. Et donc d’être bien dans sa peau.

« How can I like someone if they don’t like themselves? », disait Eric de Sex Education

Quand on est solo au milieu de plein de gens qui eux, sont ensemble, on développe aussi cette confiance personnelle qui nous fait souvent défaut – et qui nous aiderait pourtant à bien des niveaux. Il en faut, de l’estime de soi, pour décider d’aller dîner sans partenaire plus ou moins permanent.e, sans famille, sans ami.e.s un soir de Saint-Valentin devant une glace qui nous renvoie notre image sans filtre. Et c’est en s’émancipant parfois de notre zone de confort qu’on peut y retourner, comblée de s’être plongée dans une solitude désormais désirée, et désirable.

Comme une jolie astuce pour représenter l’importance de s’aimer soi avant d’aimer l’autre, et d’être aimé.e en retour, après le dîner, les miroirs se lèvent pour dévoiler la personne en face de qui on a réellement savouré notre plat. L’occasion de faire connaissance et de dédramatiser une situation qui, sait-on jamais, deviendra peut-être l’une de ces histoires de rencontres amoureuses improbables qu’on raconte à nos potes en soirée, sans vraiment y croire. Et si l’expérience londonienne n’est pas éternelle, et qu’on ne sera peut-être jamais prêt.e pour ce genre rencard avec soi-même, on peut tout de même s’en inspirer pour tenter de passer davantage de temps seul.e, et bien accompagné.e.

Article de Pauline Machado

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