LES FLEURS, INTERVIEW D’UN RÊVE RÉTRO

De petite marque spécialisée en pièces vintage sur Instagram à studio de création, Les Fleurs connaît l’évolution mode rêvée d’une carrière qui a démarré en ligne. Côté inspiration, la griffe baigne dans une esthétique rétro qui nous ramène jusqu’à la Renaissance française. Sa créatrice, María Bernad, incarne à la perfection la it-girl pointue mais abordable, à mi-chemin entre une Audrey Hepburn des temps modernes et notre voisine parisienne fan des seventies. Elle nous parle de son enfance dans le sud de l’Espagne, du duo qu’elle forme avec sa mère et de sa conscience écologique.
On connaît Les Fleurs depuis quelques années. On était tombé.e sur le compte de la marque un soir, après de longues heures à traîner sur Instagram, en quête d’une robe vintage ou d’une blouse en soie parfaites et pas trop chères (l’histoire de notre vie). L’esthétique romantique- chic aux nuances pastel nous avait tout de suite séduit.e, la présentation de chaque pièce sur fond de tissu rose nacré, de fruits frais et de paniers de plage ou de marché, aussi. Les Fleurs nous proposait un art de vivre auquel on avait rapidement voulu adhérer. On s’y était abonné.e, comme 45 000 autres utilisateurs et utilisatrices après nous.
À l’époque, les fripes sur les réseaux sociaux commençaient à peine à percer. María Bernad, l’icône derrière la marque, avait quant à elle déjà flairé le filon. Aujourd’hui, elle est passée du vintage à la création, avec une collection d’accessoires (dont les bijoux en forme de coquillages délicats se sont vite hissés en haut des tendances phares du printemps-été 2018), un petit sac en satin à rebord en plumes et une gamme de blouses voluptueuses à grand col, réalisées en organza transparent et disponibles en mai. Peu de pièces, mais des basiques assez travaillés pour qu’on se les arrache. Le genre à porter en vacances au bord de la Méditerranée ou en Californie, aussi bien sur un maillot à la plage que le soir autour d’un Spritz bien frais.
Les Fleurs Studio
« On s’inspire autant des grandes oeuvres des XVIIe et XVIIIe siècles et de la mode de l’époque, que de l’art de la Renaissance et des scènes représentées dans les tableaux », nous confie María Bernad, qui porte les robes en satin et les pantalons seventies comme personne. « Dans l’ensemble, c’est une collection très féminine, très délicate et très liée à l’esthétique française. » Elle avoue admirer l’allure parisienne, même si les couleurs, vives ou douces, qu’elle associe à ses vêtements les rendent réellement uniques.
Depuis l’ouverture de sa micro-boutique en ligne de seconde main, en 2017, elle travaille en collaboration avec sa mère qui l’accompagne aussi sur les collections inédites. « Nous sommes amies et c’est une personne sur laquelle je compte beaucoup quand je cherche une seconde opinion », affirme-t-elle. La mode est une histoire de famille. Celle qui vient d’Elche, dans le sud de l’Espagne, avoue que son enfance et son entourage y sont pour beaucoup dans sa vocation : « J’ai grandi en pleine nature, à la campagne, dans une ambiance très familiale, raconte-t-elle. Ma passion pour la mode et l’art me suit depuis mon plus jeune âge ; ma grand-mère cousait des robes pour moi avec les tissus que je dénichais. » Aujourd’hui, elle parcourt le monde pour mettre la main sur des trouvailles vintage qui raviront ses acheteuses, et veut habiller un panel de femmes très divers : « Nous essayons de confectionner des modèles pour tous les âges et toutes les tailles, assure María Bernad. La femme Les Fleurs est très naturelle, ne porte pas de maquillage et coiffe ses cheveux au naturel. C’est quelqu’un qui aime la mode, mais qui en même temps veut se sentir bien dans sa peau. Une femme qui comprend les compositions et les matériaux, et qui sait comment les différencier aussi. »
Les Fleurs Studio
Être conscient.e de ce qui compose nos vêtements est essentiel pour María Bernad. Quand on lui demande ce qu’elle pense de l’industrie de la mode actuelle, elle déplore la surconsommation et la vitesse de production, qui détruisent l’environnement à petit feu : « Nous ne mesurons pas si nous avons vraiment besoin de ce que nous achetons, ou si nous en avons réellement envie. Nous achetons juste pour acheter, dit-elle. Dans de nombreux pays, il y a une idée fausse selon laquelle il vaut mieux acheter moins cher et plus d’articles, plutôt que d’acheter moins d’articles de meilleure qualité, ou des pièces plus spéciales. »
L’éthique est au coeur de ses préoccupations, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle a lancé Les Fleurs, le vintage restant la façon la plus écoresponsable de s’habiller. Même en mettant au point sa collection de modèles neufs, elle a tenu à respecter ses principes écolos en fabriquant ses pièces et en achetant ses matériaux en Espagne : « Dans l’ensemble, nous produisons en petite quantité pour nous assurer que nous vendons tous les produits que nous créons, et éviter ainsi au maximum le gaspillage. Pour notre première collection de vêtements, seuls les boutons sont recyclés, mais à l’avenir, nous souhaiterions aussi utiliser des tissus et des détails recyclés ou provenant de pièces d’occasion. » Les Fleurs semble venir d’un autre temps et pourtant, reste bien ancrée dans une problématique moderne. Et si les inspirations rétro nous laissent songeur.se, le parcours de sa créatrice prouve que tous nos rêves peuvent finalement devenir réalité.
Article du numéro 44 « Émotions », signé Pauline Machado