Cassandra Baruti, égérie Kiabi : « Il est primordial que chacun·e se sente représenté·e dans les campagnes de mode »

A l'occasion de la collection grande taille automne-hiver 2022 de Kiabi, PAUL.E a échangé avec son égérie, Cassandra Baruti, mannequin plus size et influenceuse ultra-inspirante. Interview.

Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi

Une mode 100 % inclusive qui s’émancipe d’une stigmatisation nocive ? C’est le pari de Kiabi avec sa collection grande taille. Les équipes de la marque française mettent un point d’honneur à ne plus développer « d’un côté les produits femme standards (xs-46) et de l’autre les produits grande taille (jusqu’au 60), mais une seule et même offre pour toutes les femmes ».

Pour preuve, aujourd’hui, « 80 % de la collection standard est déclinée en version grande taille » sur Kiabi.com, se réjouit l’enseigne.  A voir les produits tendance aux teintes pop, travaillés spécialement pour toutes les morphologies, il y a de quoi être enthousiaste.

En magasin, c’est aussi un rayon dédié avec une offre riche et adaptée, grâce à quelques ajustements morphologiques qui visent un « confort optimum ». « Nous confions nos modèles grande taille à notre équipe de modélistes, stylistes et chefs de produits spécialisés, dont la mission est de veiller à penser les coupes pour [l’atteindre] », affirme encore la marque. Et le résultat parle de lui-même.

La collection grande taille automne-hiver 2022 © Kiabi
La collection grande taille automne-hiver 2022 © Kiabi
La collection grande taille automne-hiver 2022 © Kiabi
La collection grande taille automne-hiver 2022 © Kiabi

Cette collection allant jusqu’au 60, qui de mieux pour la mettre en avant que Cassandra Baruti, influenceuse et mannequin plus size au style impeccable ? Sur Instagram, la jeune femme pose dans ses tenues vibrantes avec une assurance époustouflante et contagieuse. Elle rayonne, inspire et porte un message essentiel.

Auprès de PAUL.E, elle s’épanche sur son amour pour les pièces en simili, matière fétiche de Kiabi cette saison, les jupes-shorts et les vestes, qu’elle possède par dizaines. Et puis, elle confie le caractère indispensable de la visibilisation des personnes grosses, des personnes noires et issues de communautés minoritaires. Avec tendresse, Cassandra Baruti nous raconte enfin comment, si la mode avait été différente quand elle était ado, la Cassandra de 14 ans « aurait été tellement plus extravertie et beaucoup moins renfermée qu’elle ne l’était », et l’importance de parler aux jeunes filles d’aujourd’hui qui découle de cette réflexion. Entretien.

PAUL.E : Racontez-nous votre parcours.

Cassandra Baruti : J’ai grandi au Congo, à Kinshasa (la capitale de la République démocratique du Congo, ndlr), et je suis arrivée en France à l’âge de 5 ans. Il faut savoir que j’ai toujours été bien enrobée depuis que je suis toute petite. La thématique de la grande taille, je connais bien, c’est mon quotidien depuis 8 ans, âge auquel j’ai commencé à prendre du poids. Pendant longtemps, j’ai subi du harcèlement à l’école et de la grossophobie dans mon foyer, c’était très compliqué. Je suis retournée au Congo pour le lycée et là, c’était très différent, car la représentation des corps au Congo et en France sont différentes. 

En France, je me sentais à l’écart de mes camarades et on me le faisait ressentir par la grossophobie qu’on m’a infligée. En revanche, au Congo, les corps gros étaient davantage célébrés, il s’agissait même d’un critère de beauté. Je me suis libérée, je me suis sentie beaucoup plus à l’aise dans ma peau, et c’est à cette époque que j’ai repris confiance en moi. 

Je suis revenue en France pour mes études supérieures, avec toute la confiance que j’avais gagnée durant mes années lycées. J’ai commencé à poster des photos sur Instagram, d’abord par le biais d’un compte personnel avec mes copines, puis ma communauté s’est agrandie. Aujourd’hui, je suis fière de dire que j’adore qui je suis, la personne que je suis devenue, l’image que je renvoie et la force que je peux donner à d’autres femmes de faire comme moi.

Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi

Pourquoi est-ce important pour vous d'être égérie Kiabi ?

C. B. : C’est très important pour moi parce que déjà, c’est une marque que je porte depuis toute petite. Je me rappelle à l’époque avec ma mère, c’était vraiment le rendez-vous de l’été pour shopper de nouvelles tenues, un endroit où je pouvais trouver des vêtement qui me plaisaient, tendance et à des prix très attractifs. Aujourd’hui, je considère cela comme une sorte de consécration, que Kiabi me fasse confiance pour mettre en avant leurs produits de manière professionnelle et plus exposée. C’est une grande histoire d’amour j’ai envie de dire, une évidence. 

Quelles sont vos pièces coup de cœur dans la nouvelle collection ?

C. B. : J’adore tout ce qui est simili. D’abord, la jupe-short. J’ai toujours été fan de ce modèle, c’est tellement pratique, on est protégée des petits coups de vent (rires). Ensuite, le pantalon simili parfait, un must-have à avoir dans son dressing. Et enfin, je suis une fan de vestes – je dois avoir une cinquantaine de blazers. J’adore le blazer rouge, et toutes les vestes à carreaux en polaire : c’est vraiment ma passion. Je dois en avoir 5 et elles viennent toutes de chez Kiabi. 

Pourquoi diriez-vous que Kiabi est LA destination mode plus size ?

C. B. : Kiabi me permet de m’habiller, de trouver des pièces tendance et de ne pas me sentir différente des autres filles. C’est tellement gratifiant. Kiabi est également beaucoup moins cher que les autres enseignes, ce sont des prix accessibles, et l’une des rares boutiques en France à proposer un rayon grande taille. Les mêmes pièces que l’on va trouver en tailles standards vont figurer, à quelques détails près, en rayon grande taille. 

Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi

Comment la marque réussit-elle à proposer des lignes réellement inclusives ?

C. B. : C’est ce que je disais : le fait de ne faire quasi aucune différence entre les pièces standards et les modèles grande taille. Il y a simplement des ajustements, à l’instar d’un système élastique et de boutons au niveau des tailles des pantalons, les matières sont stretch… on se sent vraiment bien dedans.

Pourquoi la représentation de corps variés est indispensable dans l'industrie de la mode ?

C. B. : Les corps au sein de la population sont tellement divers qu’il est pour moi primordial que chaque personne puisse se sentir représentée dans toutes les campagnes de mode. Au-delà des morphologies, c’est essentiel qu’il y ait beaucoup de personnes noires mises en avant, de personnes issues de communautés minoritaires. Ainsi, cela ne crée pas de frustration, on se sent à sa place dans la société et il n’y a rien de tel. On est toustes différent·es, on vient toustes de milieux différents et de voir des personnes qui nous ressemblent prouve notre légitimité dans la société, ce qui est très gratifiant pour la confiance en soi.

Trouvez-vous que les choses bougent à ce sujet ?

C. B. : Il y a effectivement plein de choses qui sont en train de changer et la représentation des personnes grosses dans les médias est plus forte qu’avant. Je sens qu’il y a une vague qui continue à se déverser et cela montre vraiment qu’on a notre place. Pas notre place de manière stigmatisée – avant, on voyait souvent la femme grosse qui cache son corps – mais de manière joyeuse : avec des mini-jupes, des couleurs flashy, des femmes grosses qui osent, qui sont heureuses. Il y a un effort qui a été fait, et cela fait vraiment plaisir. 

Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi
Cassandra Baruti © Kiabi

Comment peuvent-elles encore s'améliorer ?

C. B. : C’est un peu utopique, mais dans l’idéal, il faudrait qu’il n’y ait plus un rayon grande taille et un rayon tailles standards. Qu’il n’y ait plus cette division. Que l’on puisse seulement rentrer dans un magasin et faire son shopping en cherchant sa taille tout simplement, sans distinction grande taille, tailles standards, femme ou homme. Qu’on l’essaye sans se soucier que ce soit du 48 ou du 46 et que si le prix nous convient, on l’achète. Comme dans les friperies : on fouille, on voit une pièce qui nous plaît, qui nous va et on l’achète. 

Pourquoi est-ce important pour vous de contribuer à ces changements, à cette conversation, via votre partenariat avec Kiabi mais aussi sur vos réseaux sociaux ?

C. B. : Je pense tout simplement à la Cassandra de 14 ans qui était mal dans sa peau, qui avait honte de s’habiller au rayon grande taille, qui avait honte de monter dans le bus et d’avoir le même t-shirt grande taille qu’une dame de 50 ans, qui pleurait tous les soirs à cause de ça… Il y a plein de jeunes filles qui, en 2022, cherchent tout autant à être écoutées, comprises, représentées. C’est important de leur parler. A chaque fois que je regarde comment est devenue la mode aujourd’hui, je me dis que la Cassandra de 14 ans se serait tellement plus amusée, elle aurait été tellement plus extravertie et beaucoup moins renfermée qu’elle ne l’était. 

Diriez-vous que le sujet de l'inclusivité est assez présent aujourd'hui ? Pourquoi ?

C. B. : De plus en plus, les enseignes essaient d’être inclusives. Ce qui me dérange en revanche, c’est la fausse inclusivité, le faux body-positivisme qu’on retrouve beaucoup. Le message est mis en avant sur les campagnes de certaines marques mais derrière, les actions ne suivent pas, la variété des tailles ne suit pas. Cela crée encore plus de frustration pour les personnes concernées qui seraient intéressées par ces collections et se rendraient compte qu’elles ne peuvent finalement pas se les procurer. Et c’est bien dommage. 

Avez-vous envie d’ajouter quelque chose ?

J’aurais voulu aborder le sujet du mot « grosse », que j’ai beaucoup employé dans cette interview et que j’emploie tout le temps. Ce ne sont pas toutes les personnes grosses qui sont à l’aise avec ce mot, et je pense qu’il est important de se le réapproprier parce que pendant longtemps, il a été synonyme d’insulte. Alors qu’en fin de compte, il s’agit d’un simple adjectif qualificatif… derrière lequel beaucoup vont placer une intention grossophobe. Pourquoi devrais-je prendre mal le terme « grosse », quand le mot « mince » n’est pas injurieux ? En se le réappropriant, on reprend tout simplement notre pouvoir et il n’y a rien de plus badass !

 

La nouvelle collection de Kiabi est à retrouver en ligne, juste ici, et en boutique. 

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