« YUNGBLUD CE N’EST PAS MOI, C’EST UNE FAMILLE »

Dominic Harrison, aka Yungblud, est un auteur-compositeur-interprète né à Doncaster au Royaume-Uni le 5 août 1997. Fier représentant de la génération Z, il a rassemblé une véritable communauté et compte aujourd’hui 4,3M d’abonnés sur TikTok, 3,7M sur Instagram et 2,4M sur YouTube. À travers sa musique rock et punk, il tente de faire passer de nombreux messages, et plus particulièrement autour de l’acceptation de soi. Féminisme, LGTBQIA+, racisme, toutes les causes lui tiennent à cœur. Les 5, 6 et 7 mai, il était à Paris pour deux concerts, où nous avons eu la chance d’aller. Ce sentiment de famille, nous l’avons ressenti. Alors, on a décidé d’échanger avec lui. L’occasion, aussi, de parler de la sortie de son nouveau single memories.

Salut Yungblud ! Comment vas-tu ? Comment se sont passés les concerts ?

Hello Clémence ! Je pars demain, mais ces deux derniers jours ont été phénoménaux. Les concerts étaient fous. Je ne sais pas, c’était tellement beau, magnifique et intense… Le manager de la salle m’a dit qu’il n’avait jamais vu l’Olympia vibrer comme ça ! Je suis tellement heureux d’avoir créé des souvenirs ici. Je pense que la raison pour laquelle j’adore Paris, c’est parce que vous, les français·es, avez des opinions. Vous vous battez pour ce en quoi vous croyez. Ça colle si bien avec Yungblud ! Ce désir d’être aimé·e et accepté·e, c’est ce que toute la communauté dégage. La chose la plus merveilleuse de ces concerts, ce n’était pas moi, c’est la façon dont nous avons tous·tes communiqué les un·es avec les autres.

Parle-nous un peu de toi, pour celleux qui ne te connaissent pas. Comment es-tu devenu qui tu es aujourd’hui ?

Bonjour tout le monde, ça va ? Je suis un chanteur du nord de l’Angleterre. J’écris des chansons sur le monde, sur ce qui va et qui ne va pas… J’ai grandi en me sentant très seul et très isolé, j’ai grandi dans une ville sans émotion. Je voulais m’exprimer mais les gens me trouvaient étrange. Donc, j’ai voulu consacrer toute ma vie et toute ma carrière artistique à montrer aux gens qu’ils peuvent être qui ils sont. Si vous me lisez et que vous avez du mal à montrer qui vous êtes vraiment, notre communauté est là pour vous aider. Yungblud n’est pas moi, Yunglubd c’est une famille, une communauté, un morceau d’armure où les gens vous accepteront. Et si vous ne la connaissiez pas encore, bienvenue.

Tu as créé Yungblud parce que tu en avais assez que les gens te disent quoi faire. Est-ce que ça a aidé ? Tu fais ce que tu veux, en ce moment ?

Absolument. J’en avais marre de devoir diminuer ma personnalité pour plaire aux autres. Je crois que je détestais me conformer. J’adore l’expression, j’adore l’individualisme, je crois que ce sont les meilleures choses que l’on a, en tant qu’humain·es. Chacun·e d’entre nous est différent·e et extraordinaire. Et oui, aujourd’hui, je fais exactement ce que je veux.

On te décrit souvent comme un porte-parole de la neutralité du genre, du passage à l’âge adulte, de l’acceptation de soi et de la libération. Qu’est-ce que ça t’évoque ?

Je pense que c’est surtout une représentation de ma génération. Je ne veux pas être mis sur un piédestal. Parce que quand je dis : « Yungblud n’est pas moi, Yunglubd c’est une communauté », je le pense vraiment. Je crois que ma génération a été mal représentée dans les médias, qu’on n’a jamais montré la quantité d’amour et d’énergie qu’elle consacre à se battre pour une meilleure existence. Donc je voulais parler de ces sujets. Et c’est assez difficile quand les gens disent ça de moi… Parce que je ne parle pour personne, je suis juste une personne qui parle.

As-tu l’impression qu’il n’y avait pas assez de représentation et d’honnêteté quand tu as grandi ?

Oui. Et j’ai l’impression qu’aujourd’hui encore, il n’y a pas assez d’honnêteté. Dans l’industrie musicale, iels ont tellement peur de nuire à leur image qu’iels ne s’expriment sur les problèmes que lorsqu’iels peuvent le faire en toute sécurité. Ou quand quelqu’un·e d’autre l’a fait en premier… Je pense que je ne suis pas construit comme ça. J’étais tellement frustré que j’ai sauté à pieds joints dans l’aventure en disant : « Voilà qui je suis ». C’est comme ça que j’ai eu ma communauté et que je suis devenu artiste. Et je ne vais pas m’arrêter maintenant, alors Yungblud grandit et que les enjeux sont plus élevés. Je vais toujours parler des choses auxquelles je crois.

Comment as-tu créé ce sentiment de « famille » autour de ta communauté ? Est-ce ce que tu espérais ? Pourquoi ?

J’aime rencontrer les gens, j’aime aimer les gens. Yungblud n’est pas que de la musique rock, ça va beaucoup plus loin. Yunglbud c’est une famille, encore une fois. Si vous voulez voir un chanteur ou un guitariste, ne venez pas me voir. Venez si vous voulez vous sentir vivant·e et aimé·e, si vous voulez sauter partout et devenir complètement dément·e. Venez si vous voulez vous exprimer avec des gens qui ne vous jugent pas, qui ne vous font pas sentir bizarre. C’est la magie de Yungblud live, je crois. J’ai grandi dans la douleur, alors ma façon de m’en sortir, c’est d’aimer autant de personnes que possibles. Pour que les gens se sentent considéré·es.

Penses-tu que la nouvelle génération sera plus tolérante ? Qu’espères-tu pour les générations à venir ?

Je crois que nous voulons nous battre pour l’égalité. Mais après la pandémie, nous nous sommes aussi rendu compte qu’il y avait beaucoup de haine inutile dans ce monde. Nous allons gagner par l’éducation. Si vous détestez quelque chose qui est déjà détesté, ça ne le changera pas. Je crois qu’il y a beaucoup plus d’amour que l’on ne le croit dans ce monde. Nous devons simplement le rechercher. Dans le futur, j’espère que les conversations et prises de conscience poursuivront. J’espère que nous ne reviendrons pas en arrière. Surtout quand on voit ce qui se passe en Amérique autour de l’avortement. C’est pourquoi nous devons nous battre, voter, parler.

Tu viens de sortir une nouvelle chanson, memories. Elle parle de quoi ? Et en général, quelle est ton inspiration quand tu composes ?

Cette chanson parle de laisser partir nos traumatismes et douleurs du passé. Je voulais écrire une chanson qui permettrait à des milliers de personnes de crier et de partager ce fardeau dans une seule et même pièce. En parlant, il devient plus facile à porter. Et en général, ce qui m’inspire, c’est l’énergie. L’énergie ne peut pas mentir.

Effectivement, l’énergie ne ment jamais… Pour finir, comment imagines-tu ton avenir ? Quels sont tes prochains projets ?

Eh bien, nous sommes sur le point d’annoncer l’album et la tournée. J’en suis très heureux ! Sinon, j’aimerais faire des films, de la mode… Bref, je veux tout faire !

Merci, Yungblud. On te le souhaite !

Pour le suivre, ça se passe sur ses réseaux sociaux. Et pour le voir en live, rendez-vous à Rock en Seine !