SARAH BAHBAH, L’ARTISTE QU’ON NE SE LASSE JAMAIS DE REDÉCOUVRIR
Désir, amour, violence, douleur et légèreté sont autant de sujets qu’elle explore à travers ses photographies qu’elle sous-titre. Un procédé à l’opposé de celui de la photographe Cindy Sherman par exemple, qui, dans sa série ‘Untitled Still Films’ capturait les différents stéréotypes de femmes au cinéma sans leur donner la parole. Sarah Bahbah forme ainsi une histoire à chaque série. Des contes personnels narrés par des femmes, des hommes qui font face aux tabous et aux désillusions de leur temps.
Les multiples points de vue abordés, les sujets traités à travers les monologues permettent à son travail de revêtir une forme d’émotion universelle. Le ton souvent sarcastique, cinglant, apporte une touche d’humour qui n’entache en rien le caractère presque dramatique de ces vies qui volent en éclat. Il semble que chacun des protagonistes de ses histoires soit en proie à une fureur de vivre que nous expérimentons toutes (et tous) à certaines périodes de notre existence.
Crédit: Sarah Bahbah
La dernière scène de la série ‘I Could Not Protect Her’ est teintée d’une ambivalence remarquable. Si les photographies seules ne laissent pas entrevoir le drame qui se déploie devant nous, le texte, quant à lui, exprime une réalité plus obscure. S’articule alors une esthétique aux tons rosés, brillants et extrêmement féminins avec des dialogues cyniques qui révèlent les déboires avenus à cette bande de filles.
Cette série interpelle d’autant plus qu’elle est également une sorte de témoignage autobiographique de la vie de l’artiste, victime d’abus sexuels lorsqu’elle était plus jeune. C’est en partageant ses angoisses à travers son art qu’elle s’est finalement libérée de sa souffrance, et elle espère que ses oeuvres insuffleront également aux spectateurs cet apaisement au pouvoir salvateur.
Crédit: Sarah Bahbah
La série ‘Je T’aime… Moi Non Plus’ présente une quatrième scène pleine de grâce. Sonia Ben Ammar, à travers son personnage, expérimente la déception amoureuse. En demandant à celui qu’elle aime de l’aimer en retour, en s’interrogeant sur la méthode à suivre pour effacer définitivement tout l’amour qu’elle a donné, elle semble poser l’éternelle question de la difficulté des relations humaines et de leur fragilité. La scène a lieu dans une atmosphère minérale, un halo de lumière s’y répand et nous plonge dans nos plus proches ou plus lointains souvenirs.
Crédit : Sarah Bahbah
Crédit : Sarah Bahbah
Son compte Instagram est ici !
> Article de Yasmine Lahrichi