ANTOINETTE GOMIS, LA DANSE DANS LA PEAU

Antoinette Gomis est danseuse, chorégraphe, actrice et modèle. Aujourd’hui à l’affiche de son troisième spectacle « Les Ombres », elle nous raconte son parcours et son rapport à la danse. Portrait.

Chez Paulette, on aime mettre en avant des femmes qui nous inspirent. Après, récemment, la chanteuse Bianca Costa, on vous parle d’Antoinette Gomis, danseuse accomplie et première artiste associée de La Place. Tout commence dans Les Mureaux, petite ville du 78. Antoinette a 6 ans, sa mère vient de l’inscrire avec sa sœur dans des cours de modern jazz, danse contemporaine et africaine. Mais la danse fait partie d’elle depuis sa naissance : « dans les traditions africaines, on danse tout le temps, à chaque réunion, à chaque fête : mariage, baptême… »  Ses ainé·es prennent déjà des cours, et ce sont elleux qui lui font découvrir le hip-hop. « Je ne le découvre pas en MJC mais dans la rue. Dans les années 90, tous·tes les jeunes le pratiquent. Très vite, je tombe amoureuse de cette culture, de cette danse. »

Antoinette Gomis
Antoinette Gomis - © La Place

Antoinette ne lâche pas l’affaire, veut faire du hip-hop. Après un parcours classique en MJC, en 2001, elle a 18 ans et lance avec sa sœur son groupe Funky Ladies. Elle s’émancipe : « Après, on essaye de voler de nos propres ailes, de créer des spectacles, de danser… Toujours sous la protection de mes grands frères qui nous emmènent de battle en battle, d’événement en événement. À côté de ça, j’étudie le cinéma. Et en 2006, je passe un casting pour la comédie musicale Kirikou et Karaba. Je suis prise dans le casting et, du coup, je ne sais pas quoi faire. J’ai envie de foncer mais je veux la bénédiction de ma mère… qui me la donne, évidemment, car elle veut que je sois heureuse. Du coup, à partir de là, j’ai arrêté l’école et je suis devenue professionnelle. Et voilà. Tout s’est enchaîné : les spectacles, les battles… Je sais que ce n’est pas facile, mais je suis chanceuse. J’ai la chance de vivre de ma passion, donc autant le faire bien et accompagner aussi celleux qui veulent se lancer. »

 

Plus que son quotidien, la danse est politique

Avant, pour Antoinette, la danse était un moyen de se dépenser, de se défouler, de s’évader. Mais aujourd’hui, entre son rôle de maman, les mails, les cours qu’elle donne et l’organisation de ses plusieurs métiers, c’est surtout son quotidien. « Aujourd’hui, ça fait partie intégrante de ma vie. La danse rythme ma vie ou, plutôt, la danse est rythmée à ma vie. C’est connecté, en fait. Donc pour moi, la danse c’est la vie. » C’est pourquoi elle s’inspire beaucoup des actualités et du monde pour créer ses chorégraphies. « C’est aussi un moyen de transmettre des messages. Maintenant, ma danse est devenue politique. Je l’utilise pour sensibiliser des gens. »

En témoigne son nouveau spectacle Les Ombres qui raconte l’exil et s’inspire du voyage de son père et de son histoire. « On veut vraiment valoriser le vivre ensemble et mettre en lumière les exilé·es. Montrer que c’est ok, qu’on peut tous·tes vivre ensemble et tout transformer en force. Et on y mêle la langue des signes, pour offrir plus de compréhension, mais aussi créer un nouveau répertoire chorégraphique. Pour moi, la danse devient politique quand les gens se posent des questions après un spectacle. La danse devient politique quand tu ne danses plus que pour le plaisir de danser. » Accompagnée du metteur en scène Cyril Machenaux, du créateur lumière Lorenzo Marcolini et des danseur·ses Frankwa, Mamson, Ambroise Mendy, Damani Dembélé, Skychief et Sekani, le spectacle reprend après des vacances bien méritées.

Pour finir, lorsqu’on lui demande le message qu’elle voudrait faire passer, voici ce qu’elle nous répond : « Ne coupez jamais la musique. Parce que quand on joue la musique, tout le monde se rassemble. Il n’y a pas de différence quand la musique se joue. » Et on est bien d’accord…

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